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riches en huiles essentielles. Différentes espèces d’eucalyptus, l’angophoni, le mélaleuca, le callistémon, sont les principales essences de ces massifs, qui approvisionnent de bois de charpente Sydney et tous ses environs. Rarement ces arbres ont le cœur sain, et quand ils l’ont, il n’en faut pas moins le rejeter à cause de l’extrême fragilité. Un autre caractère fort curieux de ces bois, c’est qu’ils se fendent, non comme ceux d’Europe de la circonférence au centre, mais suivant des couches concentriques. Cette disposition en atténue beaucoup la force et en diminue la qualité. Ils sont très denses, doués d’une grande puissance calorifique, quoique très difficiles à allumer. C’est à cette circonstance qu’on attribue le petit nombre d’incendies qu’on voit dans les villes de ce pays.

Enfin la troisième région, qui est aussi la moins connue, s’étend dans les profondeurs du continent en couvrant d’une multitude d’essences diverses les plaines, les vallées et les montagnes. On ne peut se faire une idée de la beauté de ces forêts d’arbres de toute espèce, reliés les uns aux autres par des flancs sans nombre, et dont le feuillage épais, d’un vert brillant, projette sur le sol une ombre que le soleil ne peut percer. La plupart de ces essences sont encore inconnues, car les arbres sont si élevés, leurs cimes si difficiles à distinguer au milieu des cimes voisines, leurs troncs tellement couverts de plantes parasites, que le plus souvent on ne peut en constater l’identité qu’en les abattant. On ignore l’époque de la floraison et de la fructification de la plupart d’entre eux, non qu’on ait négligé de les observer, mais parce qu’on n’en a jamais trouvé qu’un très petit nombre en état de fertilité. On suppose que ce phénomène ne se reproduit qu’à de longs intervalles. Les espèces sont si variées que, sur moins d’un kilomètre de long, on en a compté plus de soixante, et qu’à chaque pas on voit changer la physionomie des massifs. C’est là qu’on rencontre la fougère arborescente, l’hortie géante (urtica gigas), qui atteint jusqu’à 12 mètres de tour et 70 mètres de hauteur, le figuier géant (ficus gigantea), qui n’a pas moins de 30 mètres de tour, et dont la cime, en forme de coupole, domine au loin tous les arbres voisins ; mais l’essence qui paraît la plus abondante dans ces massifs est le cèdre rouge (cedrela australis) : on le rencontre surtout dans les vallées et le long des cours d’eau, où il atteint jusqu’à 50 mètres de hauteur sur 2 mètres de diamètre. Le tronc est droit, couvert d’une écorce brune et écailleuse ; il donne un bois très dur, d’un grain très fin et d’une grande beauté. Employé surtout dans l’ébénisterie, il fait l’objet d’un commerce d’exportation assez important.

À cette région appartiennent encore deux espèces d’araucarias, connus dans le pays, l’un sous le nom de bunya bunya, l’autre sous