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gos, etc., dont quelques-unes ne peuvent être traversées qu’en plusieurs jours de marche. Plus au nord, les essences se rapprochent de celles de nos climats ; ce sont les platanes, les marronniers, les chênes, les plus de diverses espèces, qui forment alors la plupart des massifs. Enfin sur l’Himalaya, la végétation prend peu à peu le caractère alpestre qui a frappé Jacquemont dans son voyage. D’après cet illustre et si regrettable naturaliste, la végétation de ces montagnes est monotone comme elles. Il ne saurait en être autrement, puisque c’est la diversité des sites qui produit celle des plantes, et qu’ici presque tous les sites se ressemblent. Il est des montagnes élevées qui, de leur base au sommet, ne sont revêtues que d’un terne mélange d’herbes et de rochers. Plus souvent sur ce fond plat et monotone se montrent quelques arbres disséminés. Au-dessous de 2,500 mètres, ce sont presque toujours des plus aux expositions chaudes, des chênes et des rhododendrons aux expositions froides ; mais ce n’est guère qu’à la base des montagnes qu’il y a des forêts dignes de ce nom, et le caractère en est entièrement européen. À mesure qu’on s’élève, les essences disparaissent les unes après les autres jusqu’à ce que la rigueur du climat empêche la végétation même des plus robustes.

Ces forêts, à peu près abandonnées jusqu’ici aux dévastations des natifs, sont depuis quelque temps l’objet de la sollicitude du gouvernement de l’Inde, qui se propose d’y introduire un système d’exploitation régulier. Il y trouvera dans l’avenir une source de revenus considérables, tout en faisant profiter le pays de richesses aujourd’hui perdues. Et ces richesses sont immenses, à en juger par les divers produits qu’on voyait à l’exposition. Parmi ceux-ci figuraient la gutta-terbole, espèce de gutta-percha, qui paraît supérieure à cette dernière et la remplacera peut-être, des gommes élastiques, des résines, des huiles, des substances tinctoriales, des matières textiles, des produits pharmaceutiques, etc. Quant aux bois, ils étaient fort nombreux et d’une grande variété. Beaucoup servent aux constructions, mais la plupart sont surtout précieux pour l’ébénisterie. De ce nombre est l’ébène, que tout le monde connaît, et qui a donné son nom à la fabrication des meubles de luxe. La belle couleur noire de ce bois, le poli brillant qu’il est susceptible de prendre, lui donnent une valeur inappréciable, car la finesse de son grain, semblable à celui de l’ivoire, permet de le travailler dans tous les sens et de toute manière sans qu’il se fende ou se gauchisse jamais. On a pu en juger à l’exposition, où l’on voyait des meubles d’ébène massif sculptés à jour et couverts d’arabesques telles que les Indiens seuls savent en faire.

Un autre bois également employé dans l’ébénisterie est le bois de