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271 dépêches comprenant 2,885 mots et 13,968 lettres. La vitesse de transmission, que M. Thompson prétend avoir poussée à deux mots et demi par minute dans les circonstances les plus favorables et avec les appareils les plus délicats, n’était pas supérieure, dans l’état normal, à un mot par minute, et aurait encore été moindre, si l’on n’avait employé que les appareils habituels. Au cas où il aurait été maintenu en bon état, ce câble n’aurait donc rendu qu’un service médiocre au commerce et n’aurait produit qu’un revenu peu considérable; mais ce n’est pas à ce point de vue qu’il convient de l’apprécier : la compagnie transatlantique a démontré deux faits d’une haute importance pour l’avenir de la télégraphie sous-marine. Un câble peut être immergé par une profondeur de 4,500 mètres, et des signaux peuvent être échangés à 3,700 kilomètres de distance, sans station intermédiaire. L’échec tient à des causes multiples, qu’il importe d’indiquer avec soin, parce que la plupart de ces causes pourraient être évitées dans une entreprise ultérieure.

Il n’avait pas été fait d’expériences préalables suffisantes sur la forme qui convenait le mieux au câble à immerger. Par un heureux hasard, ce câble s’est trouvé, au point de vue mécanique, à peu près tel qu’il le fallait; mais, au point de vue électrique, il était très imparfait. Depuis cette époque, la science et l’industrie ont marché, et l’on n’aurait guère aujourd’hui d’hésitation sur la forme la mieux appropriée à cette immense distance et à cette grande profondeur.

Les dimensions de l’âme étaient telles que la vitesse de transmission devait fatalement être très lente. Pour une distance de 3,100 kilomètres, on ne peut remédier à ce défaut qu’en augmentant considérablement le diamètre du fil conducteur et de la gaine isolante de gutta-percha. Là est le véritable écueil des transmissions lointaines, et nous devons avouer que si la théorie a su étudier et mesurer ce phénomène du retard des courans, néanmoins les progrès de la fabrication ne sont pas suffisans pour l’atténuer sensiblement. Sous le rapport électrique, le câble transatlantique était encore défectueux parce que la confection en avait été trop précipitée, et qu’il n’avait pas été soumis aux essais d’une précision scientifique dont les électriciens ont pris l’habitude en ces derniers temps. Avant d’être embarqué, le câble était déjà reconnu de mauvaise qualité. En outre ce câble avait été embarqué et débarqué plusieurs fois; il avait été plusieurs fois enroulé et déroulé; lorsqu’ri fut immergé définitivement, quelques parties étaient fabriquées depuis dix-huit mois. On doit éviter ces manipulations fréquentes, ainsi qu’un trop long intervalle entre la fabrication et la pose. Enfin quelques électriciens ont pensé que le câble aurait pu durer plus longtemps, quelque défec-