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nément du 3 décembre 1857 au 31 décembre 1858, et elles donnaient des résultats pécuniaires satisfaisans, car pendant cette période le nombre des dépêches fut de 7,512, et les recettes s’élevèrent à 243,275 francs. Malheureusement un défaut grave se manifesta entre Malte et Cagliari. Faute de renseignemens électriques suffisans sur l’état antérieur du conducteur, on ne put déterminer l’emplacement exact de ce défaut, et lorsque l’ingénieur voulut relever le câble, il fallut en ramener une très grande longueur; il se brisa plusieurs fois pendant cette opération, qui fut néanmoins terminée. Six semaines après, une seconde interruption survint, et il n’y a pas été remédié. Quant au câble de Malte à Corfou, il est resté en bon état pendant vingt mois; puis est survenue une interruption qu’on suppose être de 30 à 50 kilomètres de la côte et qu’on n’a pas réparée.

Depuis que ces accidens se sont produits, la compagnie de la Méditerranée a immergé en 1859 un câble entre la Sicile et l’île de Malte, en 1861 entre Otrante et Corfou. Ces deux sections, relativement courtes, suppléent aux câbles précédens et relient au continent les deux importans établissemens anglais; mais le plus beau succès a été l’achèvement de la ligne de Malte à Alexandrie, complétée dans cette même année 1861, et dont il sera question plus loin.

Une compagnie se constitua en 1858 pour relier télégraphique- ment les îles de la Manche à la métropole. Le capital était de 750,000 francs, divisés en 3,000 actions, sur lesquels 632,000 fr. furent employés en études, frais de fabrication et de pose des câbles, et 100,250 francs en réparations pendant les deux premières années; le gouvernement britannique avait garanti un minimum d’intérêt de 6 pour 100 limité au temps effectif du travail des câbles. Trois conducteurs furent immergés en 1858, formant une longueur totale de 150 kilomètres, de Weymouth (Angleterre) à Alderney, d’Alderney à Guernesey, et de Guernesey à Jersey. Cette entreprise n’a qu’une importance médiocre au point de vue de la télégraphie océanique, puisque les distances sont courtes et que les profondeurs ne dépassent jamais 110 mètres; nous devons cependant nous en occuper, parce qu’elle fournit d’intéressans renseignemens sur les dangers spéciaux qui menacent les lignes des petites profondeurs. L’ingénieur avait jugé inutile de faire des sondages préliminaires, et il reconnut, après la pose seulement, que le fond était garni de rochers, rarement de sable et quelquefois de galets. De plus, les marées de la Manche atteignent, comme chacun sait, une hauteur prodigieuse et donnent naissance à des courans alternatifs très rapides. Le câble atterrissait à Jersey sur une plage sablonneuse semée de rochers. Par un gros temps du mois de février 1859, toute