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chancelier, ou en son absence le chancelier de l’échiquier, y préside, et ce tribunal prononce entre le Royal Mint et le public sur la sincérité des monnaies du royaume. Sans attendre, bien entendu, les séances du pyx, et sur la décision d’un premier tribunal les souverains, désormais considérés comme parfaits, sont le plus souvent consignés pour quelques jours sous des voûtes de pierre à portes de fer, jusqu’à ce qu’il plaise à la Banque d’Angleterre de venir les réclamer. On m’a montré, chemin faisant, une de ces « chambres fortes, » strong rooms, où se trouve quelquefois plus d’un demi-million de livres sterling : l’or est une majesté, et cette chambre ne ressemble pas mal aux cachettes ou cellules de sûreté personnelle qu’on rencontre dans les anciens châteaux royaux.

Jusqu’ici, nous ne nous sommes occupé que de l’or, qui doit, en partie du moins, à la fixité de sa valeur l’honneur d’avoir été choisi pour étalon unique de toutes les monnaies anglaises[1]. Il se frappe en outre au Royal Mint beaucoup de pièces d’argent et de cuivre qui doivent servir d’appoint aux pièces d’or (change). Comme les procédés de fabrication se ressemblent avec des nuances, il est inutile de nous arrêter à ces dernières. Entre les unes et les autres, il y a toutefois une différence sur laquelle je dois insister ; tout le travail relatif au monnayage de l’or est donné gratis au public anglais. En principe, le premier venu peut apporter au Mint une certaine masse de lingots, et il recevra au bout de quelques jours exactement le même poids et la même valeur sous forme de souverains ; on lui fera même cadeau de l’alliage qui entre dans la composition de ces pièces : tous les frais de fabrication se trouvent payés par le gouvernement. En est-il ainsi pour l’argent et pour le cuivre ? Le Royal Mint achète au contraire l’argent pour son propre compte sur le marché, et tout dernièrement cette administration a réalisé pour l’état de grands profits par la conversion de l’ancienne et lourde monnaie de cuivre en une monnaie de bronze plus légère. Cette refonte donna même lieu pendant un temps à de petites industries : je me souviens d’avoir vu dans la Cité des hommes qui recueillaient l’ancien billon dans des charrettes à bras ; ils le portaient ensuite à la Monnaie, où ils recevaient pour leur peine un léger bénéfice de 2 pour 100. Toute la nouvelle monnaie de cuivre ne se frappe d’ailleurs point dans l’enceinte du Royal Mint ; l’administration communique le privilège royal de fabriquer pour son compte des pennies et des demi-pennies à deux entrepreneurs qui demeurent à Birmingham, et qui ont monnayé (coined) dans ces derniers temps jusqu’à 10 tonnes de bronze par jour. De 1816 à 1836, la masse des monnaies d’or, d’argent et de cuivre émises par le Royal Mint a été

  1. Au-delà de 40 shillings, tout paiement doit être fait en souverains.