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UNE STATION
SUR
LES COTES D’AMÉRIQUE

III.
LES ACADIENS ET LA NOUVELLE-ECOSSE.

Parmi les nombreuses colonies de la Grande-Bretagne, il en est peu qui soient moins connues que la Nouvelle-Ecosse; elle fait partie à la vérité de ces quelques arpens de neige dont, au grand divertissement de Voltaire, les Français et les Anglais se disputaient l’empire sous les glaces du pôle, et soit que ce dédaigneux sarcasme lui ait porté malheur, soit que la sécurité de la possession ait endormi la sollicitude de la métropole, on ne saurait nier que, même en Angleterre, ce pays n’est pas apprécié à sa juste valeur. A une époque cependant où il n’était pas de mode de refuser à notre nation le génie colonisateur, une population française dont les qualités ne se sont jamais démenties à travers les plus tristes épreuves, obtint sur ce territoire, alors nommé Acadie, des résultats que l’on peut citer avec orgueil. Aujourd’hui le nom d’Acadie a disparu, la Nouvelle-Ecosse est définitivement anglaise; mais, bien qu’oubliée momentanément, il est certain que les chances d’avenir qui lui sont propres, et celles que lui assure sa position géographique, méritent plus d’attention qu’on ne lui en accorde. L’histoire des colonies anglaises dans l’Amérique septentrionale a trois phases distinctes. Dans la première, qui embrasse le XVIe siècle, le XVIIe et une partie du XVIIIe la métropole leur laisse l’initiative et l’exercice du pouvoir;