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sont pas les seules, car, indépendamment de l’admirable position militaire qui garantit l’inviolabilité d’Halifax, la Nouvelle-Ecosse offre d’autres avantages que savent aussi apprécier nos alliés. C’est par exemple la seule colonie anglaise de ces mers où se rencontrent des mines de charbon. Le Canada n’en a pas, non plus que Terre-Neuve ou l’île du Prince-Edouard, tandis qu’ici les seules houillères actuellement en exploitation (et il en est nombre d’autres encore intactes, encore inconnues même) seraient de taille à suffire pendant des siècles à tous les besoins de la marine britannique. Aujourd’hui ce commerce ne se monte qu’à 3 millions de francs, représentant à peu près 200,000 tonneaux. Les autres exportations consistent en poisson, en bois, en produits agricoles, et forment une valeur de 33 millions de francs. Les importations vont à 43 millions, et le tonnage d’ensemble des entrées et des sorties s’élève à 1,450,000 tonneaux. Ces chiffres suffisent à montrer la haute importance maritime de ce petit pays, et j’ajouterai que cette importance ne peut que s’accroître, car les colonies anglaises n’ont pas été très promptes à profiter des libertés commerciales qui leur ont été données depuis quelques années. La Nouvelle-Ecosse n’a encore de relations qu’avec la métropole, les colonies voisines et les États-Unis. Si elle abordait les marchés d’Europe, il est permis de croire qu’elle doublerait facilement les 15 millions qu’elle retire chaque année de ses inépuisables pêcheries. De même pour les bois. La France par exemple n’en reçoit pas de cette provenance, et, bien que le prix de cet article ait doublé chez nous de 1852 à 1857, l’usage qui s’en fait n’en va pas moins toujours en augmentant, jusqu’à donner une importation annuelle de 100 millions. A lui seul, Paris consomme pour près de 40 millions de bois, tant français qu’étrangers; Bordeaux reçoit des douvelles des États-Unis au nombre de 22 millions. Certes les forêts de la Nouvelle-Ecosse, dont on a pu tirer en une seule année une flotte de 58,000 tonneaux[1], pourraient être avantageusement exploitées en vue de nos marchés. Le traité de commerce conclu avec l’Angleterre laisse la voie ouverte.

S’il était vrai que, dans les relations entre la Nouvelle-Ecosse et la métropole, cette dernière eût accepté la plus lourde moitié de la charge, elle doit en être récompensée par la reconnaissance et l’attachement de sa colonie. Être par excellence le pays loyal et dévoué à la couronne britannique, telle est en effet la prétention de la Nouvelle-Ecosse, et cette prétention est de longue date si bien établie que, lors de la guerre de l’indépendance américaine, ce fut

  1. En 1851, le tonnage total des navires construits dans les îles britanniques a été de 149,637 tonneaux, et dans la Nouvelle-Ecosse de 57,774 tonneaux. C’est une proportion de plus du tiers. Il est vrai que cette année a été exceptionnelle pour la colonie.