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ont pu être dissipées. Les doutes sur l’état naturel de la paraffine ne peuvent plus subsister en présence des magnifiques spécimens exposés par MM. Young, de Glasgow, Cogniet et Maréchal, de Nanterre, Hübner, de Remhsdorf en Prusse. Il me paraît néanmoins évident que les houilles proprement dites ne sauraient être considérées comme matières premières de la paraffine, car elles n’en fournissent que des traces légères, même dans les circonstances les plus favorables à l’extraction, telles par exemple que la distillation à l’aide d’une température limitée à 500 degrés. On n’obtient cette utile substance industriellement que des lignites (en y comprenant le cannel-coal, des schistes d’Autun et du bog-head de l’Écosse, de différens bitumes naturels et des huiles brutes de pétrole ou de naphte. le bitume de consistance cireuse, naphtaguil, de la mer Caspienne, le petroleum[1], l’huile de naphte, venue de Rangoun, port maritime de l’empire des Birmans, dans les possessions anglaises de l’Inde. Encore les hydrocarbures liquides, surtout les plus légers, qui pendant la distillation se volatilisent et sont recueillis les premiers, ont-ils une valeur vénale représentant, soit d’après les proportions qu’on en obtient par la distillation, soit en raison de leur prix total de vente, dix on vingt fois le produit net de la paraffine. Quoi qu’il en soit, celle-ci, obtenue solide, blanche, cristalline ; demi-transparente, peut être aujourd’hui livrée au même prix que l’acide stéarique commercial, ou un peu au-dessous, c’est-à-dire 200 francs, les 100 kilogrammes.

De tels perfectionnemens sont d’autant plus dignes d’attention qu’ils ont eu dernièrement pour conséquence d’assainir les opérations du raffinage de cet hydrocarbure solide. En effet, on employait naguère, pour redissoudre et faire cristalliser la paraffine, le sulfure de carbone, qui était ensuite éliminé par la pression et repris au moyen d’une distillation bien dirigée ; mais, quelles que fussent les précautions observées en opérant autant que possible en vase clos, on ne parvenait pas à soustraire complètement les ouvriers aux influences insalubres, parfois même aux effets délétères de divers

  1. Sous la dénomination de petroleum, on désigne une sorte d’huile minérale brune, contenant divers hydrocarbures liquides et solides inflammables et brûlant avec une flamme très éclairante. On a fait surgir d’énormes quantités de cette huile en perforant le sol dans certaines localités des États-Unis d’Amérique, notamment en Pensylvanie et dans les possessions anglaises du Canada. La première source de petroleum fut découverte près de Tarentum, à 35 kilomètres de Pittsburg. En août 1859, une source creusée à 20 mètres de profondeur produisit 1,800 litres par jour. Il existe maintenant dans l’Amérique du Nord plus de deux mille sources creusées jusqu’à 200 mètres, et dont la plus productive fournit journellement 300,000 litres. La production s’élève maintenant par semaine à près de 57 millions de litres. — Du 1er janvier au 16 mai 1862, New-York, Philadelphie et Boston ont exporté 13,651,130 gallons ou 1 milliard 657,613,000 litres de petroleum.