Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il nous semble qu’à ce point de vue même on aurait tout intérêt à substituer les machines aux moteurs vivans. En effet, le travail des animaux est l’équivalent d’une partie de la nourriture qu’ils consomment ; la science d’observation nous apprend que ce travail s’oppose à l’accumulation des substances assimilables dans leurs tissus, de même qu’à la sécrétion du lait. Ainsi, dans l’intérêt de l’amélioration des terres cultivées, de la production des subsistances et de l’augmentation des engrais, il est désirable que le labourage à la vapeur se généralise.

Parmi d’autres innovations qui intéressent l’agriculture et empruntent le secours de la mécanique, on a pu remarquer à l’exposition de Londres un nouvel appareil destiné à la conservation des grains : le grenier aérateur et ventilateur d’un manufacturier français, M. Devaux. Sans doute la conservation des grains au moyen de courans d’air ou de différens autres gaz n’est pas une idée nouvelle. Duhamel l’avait réalisée en entassant le blé sur le faux fond troué d’une caisse ou d’une cuve en bois, puis en insufflant de l’air atmosphérique sous le faux fond. M. Salaville desséchait et, assainissait les grains par des injections d’air ou de gaz, et principalement d’acide sulfureux gazéiforme produit à l’aide de la combustion du soufre. Le grenier cylindrique tournant sur son axe inventé par Vallery, dont on peut voir un modèle exact au Conservatoire des arts et métiers, et dont un spécimen destiné aux petites exploitations rurales se retrouvait à l’exposition de Londres, est de tous probablement celui qui conserve les grains dans les conditions les plus naturelles. Un autre inventeur, Dartigues, avait en 1820 réalisé l’aération et les mouvemens des grains par des chutes successives entre des trémies superposées. Depuis lors, M. de Coninck, du Havre, obtint de semblables résultats par des dispositions plus efficaces et moins dispendieuses. Enfin M. Huart présenta dans plusieurs expositions industrielles et agricoles une construction du même genre, qu’on peut voir établie sur une vaste échelle dans la manutention militaire de Paris. Là trente-deux greniers ayant la forme de parallélépipèdes rectangles, occupant dans leur hauteur quatre étages du bâtiment, fonctionnent avec succès et peuvent recevoir à la fois 44,000 hectolitres de blé. Un autre appareil conservateur des grains, le grenier auquel M. le marquis d’Auxy a donné son nom, reçoit un mouvement saccadé de rotation que lui impriment deux hommes armés de