Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

desquels on lui cherche une nouvelle querelle aujourd’hui, et qui servent de prétexte à une intervention non plus seulement de l’Autriche et de la Prusse, mais même de l’Angleterre, dans les affaires intimes de la monarchie danoise. Or il ne nous semble pas possible d’assigner le caractère d’engagemens internationaux à des promesses ou, si l’on veut, à des assurances données par pure condescendance et par le moyen de simples communications, telles que sont des dépêches de cabinet à cabinet, un projet de constitution dont on fait part à ses alliés, une proclamation enfin d’un roi à son peuple. On ne saurait montrer ni la promesse de non-incorporation du Slesvig ni celle d’un traitement égal des deux nationalités en Slesvig consignées dans un acte ayant le caractère d’une stipulation internationale, d’un traité. Bien loin de là, nous pourrions dire que le roi de Danemark n’aurait pas eu le droit, s’il en eût eu la tentation, de prendre de tels engagemens sous la forme qu’on paraît supposer, et les puissances traitant avec lui n’auraient pas eu le droit de les entendre ni de les accepter. Un souverain ne va point soumettre aux autres cours la conduite, qu’il entend tenir à l’égard des parties de ses états pour lesquelles il est indépendant, et les autres cours n’ont pas à l’interroger sur un tel sujet. — Simples engagemens d’honneur, a dit l’ancien lord Russell au temps où cet homme d’état soutenait lui-même les argumens que nous venons de faire valoir. — Soit, répondrons-nous, mais engagemens d’honneur du roi envers ses sujets et non envers les puissances étrangères, qui n’ont rien à voir dans un tel débat.

N’insistons pas du reste, car le roi de Danemark ne prétend pas renier ces engagemens. Où trouve-t-on qu’il ne les ait pas remplis ? Est-ce que le duché de Slesvig n’a pas ses états particuliers et sa constitution particulière ? est-ce qu’on a tenté de lui donner la constitution du royaume, celle de 1849 ? Ah ! c’eût été là le véritable grief, et c’est le vrai sujet de crainte. Les grandes puissances allemandes ont redouté le voisinage immédiat d’une constitution qui compte parmi les plus libres de l’Europe, et qui pourtant n’a suscité, que nous sachions, aucun trouble intérieur ni aucun excès démagogique. Et l’on se récrie aujourd’hui avec effroi quand le gouvernement danois, à toute réclamation du dehors sur la prétendue oppression des Allemands du Slesvig, offre d’ouvrir les mains et de donner encore des libertés, par exemple une nouvelle loi électorale avec un droit de suffrage fort élargi, le suffrage universel si l’on veut. C’est qu’on sait fort bien, à Berlin et à Vienne, que le résultat immédiat en serait une majorité décisive dans la diète slesvicoise en faveur du gouvernement danois. Et en vérité où est donc le traité, où est l’engagement formel par lequel le roi de Danemark en devrait être empêché ? Il faut s’entendre sur le sens du mot :