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CHRÉMYLE, à Myrto.

De quelle part l’a-t-on amené chez nous ? Dis !

MYRTO.

On a dit qu’Apollon vous avait annoncé sa visite.

CHRÉMYLE.

Plus de doutes, c’est lui, lui-même ! O jour trois fois fortuné ! (A Carion.) Nieras-tu encore la clarté de l’oracle ? (A Myrto.) Cours avertir nos parens, nos amis, nos voisins, et même nos ouvriers ! Je veux leur montrer Plutus ; je veux leur dire : Voilà Plutus qui est chez moi ! Un dieu est mon hôte et mon compère !

MYRTO, à Bactis.

Viens, tu m’aideras à les rassembler, (Ils sortent.)


SCÈNE V.
CARION, CHRÉMYLE, PLUTUS, endormi.


CHRÉMYLE, agité et charmé, couvant Plutus des yeux.

Cette fois tu ne diras pas. que je suis dupe ! N’ai-je pas compris tout de suite, moi, qu’il s’agissait de la visite de Plutus en personne ?

CARION.

Il me semblait, mon maître, que j’y avais songé avant vous ?

CHRÉMYLE.

Tu déraisonnes. J’y ai pensé le premier, j’y ai pensé tout seul !

CARION.

Pourtant…

CHRÉMYLE.

Silence ! Le voilà, je crois, qui s’éveille ! (Plutus bâille et se soulève un peu.)

CARION.

Attendez ! Je veux lui demander s’il est tout de bon celui que vous croyez, car, entre nous soit dit, il n’en a pas la mine.

CHRÉMYLE.

Ne vois-tu pas les rayons d’or qui sortent de sa tête ?

CARION.

Je ne vois pas plus de rayons à sa tête qu’à la vôtre.

CHRÉMYLE.

Gouverne ta langue, sot que tu es, et parle-lui honnêtement.

CARION.

Soyez tranquille, vous allez voir ! (A Plutus.) Or çà, vieux chassieux, comment vous appelle-t-on ?

PLUTUS, lourdement.

Hein ?

CARION.

Bon ! il est sourd ! (Lui criant dans l’oreille.) Comment vous appelle-t-on ?

PLUTUS.

Imbécile !