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états-généraux par le tiers-état du bailliage d’Haguenau, nomination caractéristique pour un homme de son rang et de son ordre. En même temps le baron d’Andlau, prince-abbé de Murbach et de Lure, fut élu par le clergé du bailliage de Colmar, le prince de Broglie par la noblesse du même bailliage, ainsi que le baron de Flachslanden, frère du bailli et maréchal-de-camp, M. Schwendt par le tiers-état de Strasbourg, M. Hell, procureur-syndic, par le tiers-état d’Haguenau, etc. Ces députés votèrent tous, dans les premiers mois de l’assemblée nationale, avec la majorité réformiste, sans en excepter le titulaire de cette grande abbaye-principauté de Murbach, où l’on ne pouvait être admis qu’en prouvant seize générations de noblesse, tant du côté maternel que du côté paternel. En 1791, les députés du clergé émigrèrent, ainsi que le baron de Flachslanden, qui devint dans l’exil le ministre de la guerre de Louis XVIII. Le prince de Broglie resta fidèle à la cause de la révolution : à la clôture de l’assemblée constituante, il prit du service comme maréchal-de-camp à l’armée du Rhin ; mais, quand on lui présenta le décret du 10 août qui prononçait la suspension du roi, il refusa de le reconnaître. Traduit devant le tribunal révolutionnaire, il mourut sur l’échafaud le 27 avril 1794, laissant un jeune enfant, qui a été président du conseil des ministres sous le règne de Louis-Philippe.

Un autre membre de l’assemblée provinciale d’Alsace, le baron de Dietrich, eut une fin non moins tragique. Comme le prince de Broglie, il embrassa d’abord avec ardeur les principes de la révolution ; mais, comme lui, il refusa d’aller jusqu’à la chute de la monarchie. Premier maire constitutionnel de Strasbourg, il rédigea l’adresse de sa municipalité, qui demandait à l’assemblée nationale la punition des auteurs du 10 août. Poursuivi, pour ce fait, il fut d’abord acquitté, puis repris et condamné à mort. Le baron de Schauenbourg, procureur-syndic, devenu général en 1792, commanda avec succès les armées de la république. M. Schwendt est mort conseiller à la cour de cassation en 1821.


IV. — FRANCHE-COMTÉ.

La généralité de Besançon, ancienne province de Franche-Comté, se divisait en quatre grands bailliages : le bailliage d’amont, chef-lieu Vesoul ; le bailliage d’aval, chef-lieu Lons-le-Saulnier ; le bailliage du milieu, chef-lieu Dôle, et le bailliage de Besançon, qui forment aujourd’hui les trois départemens de la Haute-Saône, du Doubs et du Jura. Ces quatre grandes fractions se subdivisaient en quatorze bailliages secondaires, qui forment aujourd’hui dix arrondissemens, et dont les chefs-lieux étaient Besançon, Dôle, Gray,