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L’élévation subite du prix de la soie, sans doute par suite de quelque maladie analogue à celle qui attaque aujourd’hui le précieux ver, avait commencé par ralentir le cours ordinaire des manufactures. « A ce premier inconvénient, poursuivait le mémoire, s’en joint un autre plus affligeant encore, c’est la stagnation totale du commerce de nos étoffes. La ville de Lyon fournit essentiellement l’Allemagne et tous les états du nord ; mais les lois somptuaires de la Prusse, de la Suède, de l’empire, la guerre de la Russie avec le Turc, le défaut de consommation dans le Levant, les manufactures d’Italie, celles de Valence en Espagne, et depuis longtemps les révolutions de la mode dans la capitale, toutes ces causes, réunies à la rareté des soies, non-seulement ont arrêté toutes les commissions, mais empêchent même la vente des étoffes fabriquées. On assure qu’il y en a d’amoncelées dans les magasins de nos fabricans pour plus de 12 millions. Il est impossible de proposer au gouvernement de soutenir la fabrication par des avances sur le prix de là matière et des façons, puisqu’un pareil moyen ferait monter encore le prix des soies et emmagasinerait inutilement des étoffes dont la multiplicité rabaisserait de plus en plus la valeur. »

On attendait la foire de Leipzig, « regardée comme le vrai thermomètre des manufactures de Lyon, » pour savoir si les commissions reviendraient. Pour le moment, on réclamait de nouveaux secours de la part des souscripteurs volontaires, et on suggérait une organisation plus active de la charité. « Nous vous proposons de former dans chacun des vingt-huit quartiers de la ville un bureau des pauvres, comme il en existe déjà dans plusieurs paroisses ; ce bureau serait composé de dix ou douze personnes, hommes ou femmes, dont l’aisance, le loisir et la charité leur permettraient de surveiller cent ménages par exemple, et qui fourniraient le pain et la viande nécessaires par des cartes signées chez le boucher et le boulanger. Cette inspection, bornée sur un certain nombre d’individus, s’exercerait plus exactement : elle rapprocherait le riche du malheureux, elle exciterait davantage la sensibilité du bienfaiteur et la reconnaissance du pauvre ; on trouverait plus facilement les moyens d’occuper les ouvriers sans travail. La mendicité pourrait être rigoureusement défendue. MM. les curés présideront, guideront, éclaireront les commissaires dans leurs paroisses, et la Providence hâtera le succès d’une œuvre dictée par l’humanité, la religion et le patriotisme. » Ces conclusions furent adoptées, et les syndics-généraux se chargèrent de l’exécution.

L’archevêque de Lyon, qui était en même temps abbé de Saint-Victor de Paris, mourut à Paris, dans son palais abbatial, le 2 mai 1788 ; la commission intermédiaire, qu’il avait soutenue de son