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est son meilleur et presque son seul instrument. Ce fonds s’applique soit à l’entretien d’anciennes écoles, soit à la création d’écoles nouvelles, de manière à ne se substituer à aucune des ressources ordinaires, mais à en combler seulement l’insuffisance. Ces subventions. sont facultatives des deux parts ; il est des écoles, comme celles des congrégationalistes, qui s’y refusent absolument et demeurent ainsi en dehors de la surveillance du conseil privé ; les autres écoles, quand elles s’y soumettent, le font de leur plein consentement, elles mettent à prix pour ainsi dire l’abandon de leur indépendance. Les motifs qui les déterminent sont tantôt la pauvreté du ressort, tantôt le besoin de fortifier les études ou le désir d’attirer plus d’élèves par un rabais dans les rétributions à la charge des familles. Ajoutons que la surveillance exercée n’a pas un caractère rigoureux et laisse les pouvoirs où ils sont, c’est-à-dire entre les mains des agens locaux et directement intéressés. L’instrument de cette surveillance est un corps d’inspecteurs de formation récente, et pour lequel une somme de 50,000 livres sterling (1,250,000 francs) a été inscrite au budget. Rien ne peint mieux la disposition des esprits que les résistances qui ont accompagné la création de ce corps. La chambre des communes voulait que ces inspecteurs eussent un mandat sérieux, des attributions étendues, le droit de fermer une école quand le local serait reconnu insalubre, de frapper de révocation l’instituteur incapable ou prévaricateur ; elle ne reculait pas devant la dépense pour constituer un corps respectable et armé d’une certaine autorité. La chambre des lords se refusa à cet empiétement sur les coutumes établies et à ce déplacement des responsabilités ; elle admit l’inspection, mais dans des termes vagues, sans lui donner la vie par des subsides, ni la puissance par des attributions définies. Son intention évidente était de laisser marcher les choses comme elles avaient marché jusque-là. Par-dessus tout, elle entendait écarter ce qui aurait pu ressembler à une organisation générale, systématiquement conçue et appliquée ; elle maintenait la règle admise, qui est de ne toucher au vieil édifice que par fragmens, en faisant le nécessaire et n’allant point au-delà. Il se peut aussi qu’elle se soit défendue de ce qui était suspect d’imitation, et qu’elle ait vu dans un inspectorat fortement constitué un emprunt à notre régime universitaire. Quoi qu’il en soit, elle n’a accepté l’institution qu’en l’énervant et en la dépouillant de la sanction qui en eût assuré l’influence.

Derrière les motifs avoués s’en cachait un autre qui agissait dans l’ombre, c’était la prévention religieuse. Toute combinaison uniforme en matière d’enseignement eût amené comme conséquence l’égalité de traitement pour tous les cultes, concession à laquelle