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population civile que des espaces insuffisans et dépourvus de convenance. C’est au point que les commerçans en détail qui tiennent des assortimens pour les soldats, les marins et leurs familles, transportent, dans cinq cas sur six, leurs établissemens et leur résidence dans la ville de Plymouth, qui touche à Devonport. Ils préfèrent se placer à quelque distance de leurs cliens plutôt que d’être condamnés à vivre au milieu d’eux.

Fonder et maintenir des écoles dans un milieu pareil était une entreprise difficile. Le vicaire de Saint-Étienne n’en désespéra pas ; mais à qui s’adresser ? La paroisse n’avait que deux patrons naturels, le lord du manoir et l’amirauté. Le premier, comme maître du sol, était désigné pour une large contribution volontaire : il s’y refusa. La seconde, en qui se résumait l’activité locale et qui y affectait des millions, ne se montra ni aussi indifférente ni aussi parcimonieuse ; elle souscrivit pour 25 livres avec un emploi déterminé. Le pauvre vicaire n’était guère plus avancé. S’il se tournait vers ses résidens, il n’y voyait point de bourses disposées à s’ouvrir ; s’il essayait de faire des quêtes en dehors de sa circonscription, il y rencontrait la concurrence des autres paroisses qui se défendaient de leur mieux contre les empiétemens. Bref, la plus belle collecte fut de 5 livres dans l’espace d’un an, et encore des voyageurs de passage avaient-ils contribué à former cette somme. Le total, fourni par de vrais paroissiens, monta à 10 livres dans le cours de dix années. Évidemment les droits scolaires et les taxes locales n’eussent pas suffi pour assurer le service, si le conseil privé n’y eût suppléé par une large subvention. Que serait-il arrivé, si le concours de l’état se fût mesuré sur l’effort volontaire ? Les écoles de Saint-Étienne eussent dépéri faute de soutien. Des circonstances particulières laissaient l’esprit paroissial si dénué de ressort, qu’il fallait se porter au-devant de son appel au lieu de l’attendre ! , et abaisser pour cette fois les barrières du règlement.

Un autre exemple plus caractéristique encore est celui des écoles de la paroisse de Saint-Thomas, dans le quartier de Charterhouse, à Londres. Aucune description ne peut rendre le spectacle que présentent ce quartier et la population mêlée qui s’y abrite. Le district comprend une surface de 17 acres (82,280 yards carrés), couverte d’allées et d’impasses, où s’élèvent 1,178 maisons contenant 9,500 personnes. Le revenu total dû district est de 14,660 livres, c’est-à-dire 12 livres par maison et 1 livre 1/2 par individu. C’est un rassemblement de misérables que la police tient constamment en état de blocus et qu’elle a délimité de manière à en rendre la surveillance plus aisée. Ce qu’on y nomme des maisons pourrait s’appeler des chenils, et dans tout autre quartier le bureau de la voirie les aurait