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1,500 kilogrammes de sable par homme et par jour. C’était quatre fois plus environ qu’avec la battée, mais les terres étaient devenues six fois moins riches environ ; il y avait déficit pour le mineur ; il ne gagnait que 85 francs par jour. Puis on inventa le long-tom, où le mineur, facilitant son travail par l’action d’un courant d’eau, lavait 6,000 kilogrammes de sable par jour. On était déjà bien loin de la battée, cependant on ne s’arrêta point, et bientôt on trouva la méthode de lavage au sluice, dont l’invention marque toute une révolution dans l’exploitation de l’or.

Le sluice est un canal de trois planches, une pour le fond, deux pour les côtés. Ce canal est étroit, ayant 0m,30 de large environ, mais il est fort long, car il doit avoir au moins 100 mètres, et il en mesure souvent plus de 1,000 ; le fond est pavé de bois raboteux ; il a une inclinaison variable, selon la nature des terres à laver ; il est enfin traversé par un violent courant d’eau qui y coule à pleins bords. Quatre ou cinq mineurs y jettent sans trêve la terre aurifère. L’eau emporte sables et cailloux ; mais l’or, tombant sans cesse, se sépare peu à peu du courant boueux, gagne le fond, où il adhère, saisi par le mercure qu’on y a répandu. Après une semaine, on cesse de jeter des terres, on arrête l’eau, et on relève l’or.

L’invention du sluice fut toute une fortune pour le mineur. Au lieu de laver 400 kilogrammes de sables comme avec la battée, il pouvait en laver 18,000 ; il pouvait donc exploiter avec le même profit des terres quarante-cinq fois moins riches. Armée de ce nouvel appareil, l’exploitation abandonna le lit des rivières et se porta vers ce que l’on nommait les dry-diggins, les mines de l’intérieur des terres, celles qui s’ouvraient dans les terrains diluviens des vallées de la Sierra-Nevada dont l’origine a été indiquée plus haut.

Les premiers gisemens attaqués furent les terrains dont la formation a marqué la dernière époque de la période diluvienne ; c’étaient ceux qui offraient le moins de difficultés à l’exploitation. Ils forment en effet, au bas de toutes les vallées de la Sierra-Nevada, d’immenses atterrissemens de sables et de graviers où le minerai d’or, partout à découvert, est immédiatement accessible, et dont la surface unie et presque horizontale est peu élevée au-dessus des cours d’eau, de sorte qu’il n’est ni extrêmement difficile, ni très dispendieux d’y conduire et d’y distribuer les eaux nécessaires à l’extraction du métal. Les graviers aurifères de cette formation sont isolés au bas de chaque vallée de la montagne ; l’importance des graviers