Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MERCURE.

Frappe un dieu, si tu l’oses ! Je suis Mercure !

BACTIS.

Tu n’es pas Mercure, ou Mercure n’est pas un dieu.

MERCURE, détachant de longues chaînes d’or qui lui serrent de ceinture.

Reconnais-moi à ces attributs, qui, pour tous les hommes, sont des argumens de persuasion sans réplique. Je vais te lier et te conduire à l’ennemi.

BACTIS, brisant la chaîne dont Mercure l’a enlacé.

Ces liens sont faibles, Mercure ; ils ne retiennent dans la honte que les pervers et les lâches.

MERCURE.

Quelle divinité te protège donc, ô toi que ces chaînes d’or ne peuvent soumettre ?


SCÈNE XII.
MERCURE, BACTIS, LA PAUVRETÉ.


LA PAUVRETÉ.

Moi !

MERCURE.

Toi, ô laide et trois fois maudite ! Oses-tu bien paraître devant mes yeux ?

LA PAUVRETÉ.

Soumets-toi, Mercure, car sans Plutus tu es réduit à l’impuissance, et si tu ne peux le rendre à tes cliens affamés, il te faudra bientôt, pour échapper à la hideuse misère, invoquer la pauvreté laborieuse. Arrière ! laisse ce jeune homme ; c’est à moi de le conduire au milieu des périls qu’il brûle d’affronter. (Elle donne des armes à Bactis et le coiffe d’un casque.)

MERCURE, riant.

Il arrivera trop tard, servante mal chaussée du Destin ! Les galères ont traversé déjà la mer Egée, et le combat sera terminé avant la fin du jour.

LA PAUVRETÉ.

Génie de l’égoïsme, tu as des ailes aux pieds et à la tète, la pauvreté vaillante en a au cœur ! (A Bactis.) Suis-moi, nous arriverons à temps. (Elle entre dans le bois sacré avec Bactis. )


SCÈNE XIII.


MERCURE, seul.

Par les serpens de mon caducée, mes affaires vont fort mal ! Les divinités inférieures perdent avec moi le respect, et si cela dure, je serai la risée de l’Olympe ! Il faut absolument que je tire d’ici mon ivrogne de Plutus, et je ne vois plus qu’un moyen, qui est d’irriter contre lui Jupiter au point qu’il le rende plus aveugle et plus stupide que jamais. Reprenons ma figure et mon sceptre, (il A te son déguisement et prend son caducée, qui était caché dessous.) Et