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faim, la soif endurées pendant des journées entières, de loin en loin des rencontres avec un ennemi dont la bravoure déréglée vient se briser contre le courage et la discipline de nos soldats. La conclusion d’un traité avec le roi ou damel du Cayor, tel était le but désigné à nos colonnes, et qui fut atteint après les opérations décisives du mois de janvier 1861. Notre adversaire, le damel Macodou, s’était refusé, dès son avènement au pouvoir en 1859, à exécuter le traité signé avec nous par son prédécesseur, et qui nous garantissait des communications faciles et sûres entre deux villes importantes de la colonie, Saint-Louis et Gorée. Les conséquences de ce premier acte d’hostilité n’avaient mis que trop longtemps notre patience à l’épreuve. Les vols commis sur nos traitans à main armée par les tiedos, les avanies qui les attendaient dans l’intérieur du Cayor, les ventes d’esclaves faites par le damel et qui rappelaient les plus tristes temps de la traite des noirs, tous ces actes sauvages et coupables exigeaient une répression qui rendît impossible au damel tout retour vers un régime d’odieuse tyrannie. Trois forteresses élevées en quelques jours, du 7 au 27 janvier 1861, sur le sol du Cayor placèrent le pays tout entier sous notre domination. Macodou, vaincu et réduit à l’impuissance, signa les clauses d’un traité qui assurait au gouverneur du Sénégal la perception des droits de sortie à toutes les frontières du Cayor sur les produits de ce pays selon le tarif en usage. Les frontières du Cayor furent déterminées conformément aux intérêts de la France ; la sécurité fut garantie aux courriers, aux voyageurs isolés et aux caravanes sur la route de Saint-Louis à Gorée. Le damel renonçait à vendre ses sujets libres, et s’engageait à empêcher les pillages des tiedos. Ainsi l’expédition du Cayor n’assurait pas seulement à nos compatriotes du Sénégal une satisfaction légitime ; elle complétait les tentatives que nous dirigions contre la traite, d’accord avec l’Angleterre, sur d’autres points du territoire africain.

L’expédition du Souna suivit de près celle du Cayor. On a vu quelle était l’attitude des musulmans fanatiques de ce royaume mandingue vis-à-vis de nos établissemens de la Cazamance. Depuis 1855, de nombreux pillages, des massacres même commis sur nos marins, attendaient leur châtiment. Les renforts que la garnison avait reçus d’Europe, la soumission de Macodou, permirent de frapper ici comme au Cayor un coup décisif. Au mois de février 1861, la flottille transportait à Sedhiou une colonne expéditionnaire composée d’environ huit cents hommes. De brillantes et rapides opérations amenèrent en quelques jours la soumission de ces populations fanatiques et orgueilleuses ; le 14 février 1861, un nouveau traité, conclu sur les mêmes bases à peu près que le traité du Cayor,