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BACTIS.

Allons !

LA PAUVRETÉ, l’arrêtant.

Non pas toi, si le cœur ne t’en dit pas, car tu es libre.

CHRÉMYLE.

Libre ?

LA PAUVRETÉ.

Plus que libre ! Il est citoyen de l’Attique !

MYRTO.

O dieux immortels ! Comment le sais-tu ?

LA PAUVRETÉ.

En ce moment, le sénat prend une décision dont l’histoire gardera le souvenir. Voulant, à ce qu’il semble, humilier l’orgueil de certains riches, qui n’ont envoyé à la flotte que leurs esclaves, et désirant encourager les braves quels qu’ils soient, les magistrats d’Athènes m’ont interrogée, et sur ma réponse ils ont rendu un décret qui élève à la dignité de citoyens tous ceux dont les noms sont inscrits sur la voile triomphale du combat des Arginuses.

MYRTO, à Bactis.

Hélas ! tu vas nous quitter ?

BACTIS.

Non, je reste avec vous pour vous aider, jusqu’à ce que, relevé de ce désastre, ton père te donne à moi pour récompense.

CHRÉMYLE, joignant leurs mains.

Bactis, tu vaux mieux que moi ! Aide-moi, par ta piété, à désarmer la vengeance du ciel ! (A la Pauvreté.) Et toi !… toi dont j’ai trop méprisé les conseils, inspire-moi la patience, rends-moi le courage et l’espoir.

LA PAUVRETÉ, le bénissant.

Je te l’avais bien dit que tu me rappellerais !


GEORGE SAND.

14 novembre 1862.