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de 2 mètres de large, et dans un coin de l’écurie se trouveront le coffre à avoine et les ustensiles de pansage. L’écurie sera-t-elle à un seul rang? Y disposera-t-on deux rangs de chevaux, soit dos à dos, en appuyant leurs râteliers aux murs, soit nez à nez, en les séparant par un râtelier double et une double mangeoire? A vrai dire, ce n’est guère là qu’un détail que doit régler la place disponible; mais il y a, en ce qui concerne les écuries, une question fort importante sur laquelle nous devons nous arrêter davantage, parce qu’elle est trop souvent négligée : c’est celle des séparations à établir entre les divers animaux. Tout le monde comprend qu’on sépare soigneusement les étalons des jumens et les poulains des autres chevaux. Cependant les précautions devraient aller plus loin dans une exploitation bien tenue. La vie commune a toujours des inconvéniens pour les faibles, et les chevaux ont beau, quand ils n’appartiennent pas à une race d’élite, être d’humeur plus pacifique que des chevaux de pur sang; il n’y en a pas moins, à l’écurie comme ailleurs, des victimes et des tyrans. Ici c’est une bête vorace qui en un instant avale, outre sa ration d’avoine, la ration de son voisin; là c’est une bête de caractère brutal qui répond par un coup de pied ou un coup de dent aux caresses de ses camarades. Pour obvier à ces inconvéniens, il faut établir entre les divers habitans de l’écurie des séparations suffisantes. Même garnies de paillassons ou de larges planches, même armées de sauterelles[1] qui en permettent le prompt et facile décrochement. les barres sont loin de présenter tous les avantages que l’on en attend. Rien ne vaut la stalle, c’est-à-dire la séparation fixe et pleine, le mur de bois élevé à une bonne hauteur, qui permet de parfaitement isoler chaque bête et sa ration. La stalle est-elle fermée aussi par derrière au moyen d’une porte, cette sorte de chambre prend le nom de boxe, et elle est indispensable pour les poulains et leurs mères, qu’on y laisse sans entraves. Ajoutez à côté de l’écurie des paddock, c’est-à-dire de petites cours closes et séparées, dans chacune desquelles les bêtes peuvent jouer et prendre l’air, et vous avez une organisation excellente, digne des meilleurs haras, mais trop dispendieuse malheureusement pour la plupart des fermes.

Les râteliers seront-ils de simples échelles de bois ou d’élégantes corbeilles de fer? Ce n’est guère là qu’une question de dépense première. Les auges seront-elles faites en bois, en fonte ou en pierre? Les auges en planches doivent être écartées parce qu’elles s’usent vite, qu’elles ne se nettoient pas aisément, et que dans leurs fentes se glissent des substances qui agissent ensuite comme de véritables fermens sur la nourriture destinée aux chevaux; d’ailleurs ces sortes de mangeoires ne se prêtent pas bien à séparer la ration de chaque bête, — ration qu’il importe encore plus d’isoler dans l’auge que dans le râtelier. Reste le mode d’attache à choisir. Ou bien la longe, armée à son extrémité d’un petit billot de bois, peut couler dans un anneau fixé à la mangeoire, ou bien elle peut se terminer elle-même par un anneau qui glisse sur une barre de fer montant verticalement du sol à la mangeoire. Le premier mode est plus économique, mais le second laisse aux chevaux une plus grande latitude de mouvemens.

Il n’en est pas tout à fait des étables comme des écuries. Les bêtes bo-

  1. On nomme sauterelles les petits mécanismes que l’on peut faire sauter instantanément, et qui servent à rattacher les barres de séparation aux cordes qui les soutiennent.