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du Cap-Vert, est un point de relâche pour les navires qui viennent des Indes par le cap de Bonne-Espérance ; et sa rade est l’une des plus sûres de la côte d’Afrique. Cet établissement est déjà relié à Saint-Louis par une ligne télégraphique construite en ces dernières années. En face s’étend Océan-Atlantique, qui sépare l’Afrique de l’Amérique, une largeur de 3,100 kilomètres environ entre le Cap-Vert et le Cap-Saint-Roch, mer très profonde sans doute, car on n’y connaît que la petite île Penedo-San-Pedro, distante de 1,000 kilomètres du Brésil. Cet îlot, appelé Saint-Pierre par les uns, Saint-Paul par les autres, n’est connu que par des renseignemens incomplets et presque contradictoires. Les marins les mieux informés le représentent comme un amas de rochers dénudés, escarpés, sans végétation aucune, où la laine déferle avec fureur ; ce n’est peut-être que le sommet d’une montagne à pic s’élevant du fond de l’Océan.

Du Brésil ; il serait facile de remonter vers le nord en traversant le Para, les Guyanes française, hollandaise et anglaise ; puis, une fois parvenu aux Antilles, on rattacherait aisément les unes aux autres ces îles ; qui sont comme les anneaux d’une même chaîne. Au milieu de cet archipel, les distances seraient médiocres ; les atterrissemens seraient fréquens y et chacun d’eux féconderait un nouveau centre d’activité et d’industrie. On arriverait enfin à l’Amérique du Nord, bût un peu détourné de l’entreprise, après un parcours d’environ 13,000 kilomètres, dont plus de la moitié serait en câbles sous-marins.

Pour examiner les difficultés ; que rencontrerait dans ces parages rétablissement d’une ligne télégraphique sous-marine, il faut reprendre isolément les différentes sections de ce long trajet. Jusqu’au Sénégal, les distances des points d’atterrissement ne sont pas très considérables. Du cap Saint-Vincent à Madère, il y a 840 kilomètres ; de Madère à Ténériffe, 450 de Ténériffe au Cap-Blanc, 800 ; du Cap-Blanc à Saint-Louis, 540, en tout une longueur de 2,680 kilomètres fractionnée en quatre parties. Ces distances ne sont qu’approximatives ; elles varieraient en plus ou en moins, suivant que telle ou telle île paraîtrait d’un atterrissement plus facile dans les archipels intermédiaires. Voyons maintenant les profondeurs ; les sondages peu nombreux qui ont été faits paraissent plutôt exagérés que trop faibles ; Il paraît possible de se rendre directement du Portugal aux Canaries sans rencontrer des profondeurs supérieures à 2,000 mètres ; mais, si l’on veut toucher à Madère, il faut franchir en-dèçà et au-delà de cette île des vallées de 4 ; 000 mètres au moins. Des Canaries au Sénégal, on ne sort pas de la zone de 2,000 mètres. Tous ces sondages manquent de précision et n’ont