Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 44.djvu/947

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des glaciers de l’intérieur, ou bien des flots de glace provenant de la : congélation superficielle de la mer dans les régions polaires. Les banquises les plus élevées peuvent avoir une hauteur de 25 mètres au-dessus ; du niveau de l’eau ; quant à leur profondeur au-dessous, on ne peut l’évaluer avec exactitude : elle est certainement plus considérable ; aussi rasent-elles souvent le fond sur les côtes où elles s’échouent. Ces masses glacées s’éloignent du rivage sous l’action des vents et de la marée, et viennent se mêler aux grands courans arctiques, qui les entraînent vers des climats plus chauds. Les courans réguliers qui sillonnent les mers arctiques descendent du nord en s’inclinant vers l’ouest. Il en résulte que les rivages exposés à l’est sont plus longtemps bloqués, et même au Groenland la côte occidentale est seule abordable. Heureusement pour les navigateurs, les banquises n’ont pas une marche capricieuse, quoique leur arrivée et leur départ varient un peu suivant les années. Généralement le flot de glace double le cap Farewell à la fin de janvier et continue à passer jusqu’au milieu de septembre. À cette époque, la glace diminue peu à peu, et au milieu d’octobre la mer est redevenue libre. On peut compter chaque année sur deux ou trois mois favorables, soit pour la pose, soit pour la réparation des câbles.

Si, pour apprécier la valeur de ce projet, on met en comparaison d’une part les faibles profondeurs de la mer et les courtes distances des points d’atterrissement, d’autre part la rigueur du climat et les difficultés propres aux latitudes élevées, on est forcé de reconnaître que les dangers spéciaux aux contrées arctiques ne sont pas bien graves. À peine si l’on aura trois mois par an pour poser les câbles et les relever lorsqu’ils seront endommagés ; mais l’hiver est partout un temps d’arrêt pour les travaux de télégraphie sous-marine. Certains savans ont prétendu que l’aurore boréale, dont nous éprouvons parfois en France l’effet perturbateur sur les lignes électriques, serait un obstacle absolu aux transmissions dans les contrées où ce phénomène se produit avec toute sa puissance. Aucun fait positif ne justifie cette crainte. Plutôt que de voir l’activité des ingénieurs anglais se porter tout entière sur la communication directe d’Irlande à Terre-Neuve, on aimerait qu’une attention suffisante fût donnée à la ligne de l’Atlantique nord, ligne composée de plusieurs parties séparées qui pourraient fonctionner isolément. En cas d’échec, du moins la totalité du capital employé ne serait pas perdue.

En remontant l’Océan-Atlantique du nord au sud, depuis le Brésil jusqu’au Labrador, depuis l’Afrique centrale jusqu’à l’Islande, on, trouve donc quatre voies ouvertes aux entreprises télégraphiques. Il n’est pas un îlot sur cette vaste étendue de mer qui n’ait attiré