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télégraphiques entre les deux parties du monde. On sait que le gouvernement russe crée en Sibérie une ligne qui dépasse déjà Tobolsk, s’étendra cette année jusqu’à Ifkoutsk et arrivera bientôt jusqu’à l’embouchure du fleuve Amour et jusqu’aux ports russes de la mer du Japon. Il est probable qu’en 1864 la communication sera complète entre la Baltique et l’Océan-Pacifique. Les tronçons de cette ligne qui sont en exploitation nous apportent depuis longtemps les nouvelles de Chine plus rapidement que les paquebots de l’Inde. C’est par là notamment que parvint en France la nouvelle de la. paix conclue avec la Chine en 1860. Les dépêches commerciales, sont transmises aujourd’hui par le télégraphe jusqu’à Omsk, réexpédiées par la poste à Kiachta, ville située sur les frontières chinoises, et envoyées de Kiachta avec la correspondance officielle par le courrier chinois à la mission russe de Pékin.

Lorsque les fils que l’on pose à travers la Sibérie seront en exploitation sur toute leur longueur, deux lignes aboutiront aux deux rives opposées du Pacifique, l’une communiquant avec Londres, Paris, Rome, Constantinople et toutes les villes de l’ancien continent ; l’autre en communication avec Boston, New-York, Philadelphie, Québec, la Nouvelle-Orléans, en un mot avec tout le nord du Nouveau-Monde. Entre ces deux stations télégraphiques extrêmes, il existe une vaste mer, l’Océan-Pacifique, qui mesure plusieurs milliers de kilomètres de largeur, mais qui se rétrécit vers le nord et forme le détroit de Behring. Souvent l’attention des ingénieurs s’est portée vers cet étroit espace, point unique à la surface du globe, où l’ancien et le Nouveau-Monde se rapprochent à se toucher presque. Souvent des projets ont été présentés au gouvernement russe en vue de réunir télégraphiquement ces deux côtes si rapprochées ; mais la nature des pays qui avoisinent le détroit de Behring, tant en Asie qu’en Amérique, est un obstacle insurmontable à la réalisation d’un tel projet. Un climat d’une rigueur excessive empêche qu’aucune construction puisse être élevée et entretenue dans ces contrées désertes couvertes d’une neige perpétuelle.

Plus au sud, et par conséquent sous une latitude plus clémente, on voit figurer sur les cartes une chaîne ininterrompue de petites lies, les Aléoutiennes, jetées, comme les piles d’un pont, entre les deux continens. Le Pacifique a dans ces parages 3,000 kilomètres de largeur, presque autant que l’Atlantique entre l’Irlande et Terre-Neuve ; mais, différence capitale, au lieu d’un vaste océan très large et très profond, nous ne rencontrons qu’une série de bras de mer. Quatre-vingts îles plus ou moins grandes découpent la surface du Pacifique en détroits dont le plus large a 350 kilomètres. Les Aléoutiennes s’étendent entre les 50e et 60e degrés, ce qui est à peu près