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puisse la retenir ; mais cette couche n’affleure pas dans l’intérieur de la forêt, et ne se montre que dans, la vallée occupée par la ville de Fontainebleau. C’est à cette circonstance que celle-ci doit les belles eaux qui y jaillissent de tous côtés.

C’est de sa constitution géologique que la forêt de Fontainebleau tire cette physionomie tout à fait particulière qui ne permet pas de la confondre avec aucune autre. Bien des forêts renferment des massifs plus grandioses, des futaies plus étendues, des paysages plus accidentés, mais aucune n’a un caractère aussi prononcé et ne laisse dans l’esprit une impression aussi profonde. Celles de Compiègne, de Villers-Cotterets, de Lyons, etc., qui appartiennent au même bassin, sont plus belles peut-être à certains égards, mais elles ne lui ressemblent pas même de loin, car, reposant sur des étages différens de la formation parisienne, elles ont une tout autre configuration. La forêt d’Ermenonville s’en rapproche davantage, car elle est assise comme elle sur les sables, mais on n’y rencontre ni ces masses de rochers disposés en forme de cirques, ni ces longues collines sablonneuses semées de roches arrondies entassées les unes sur les autres. Ces espèces de parapets naturels, tous parallèles entre eux et souvent coupés par des vallées perpendiculaires à la direction générale, disparaissent aux environs de Rambouillet.

La nature géologique des terrains que nous venons de décrire a donné lieu à une industrie assez importante, et qui vaut la peine qu’on s’y arrête : c’est l’exploitation du grès. Disposée soit en bancs horizontaux et continus, soit amoncelée en blocs, de diverses grosseurs, cette roche fournit une pierre d’excellente qualité, qui de tout temps a été très recherchée pour le pavage des rues comme pour la construction des maisons. Aussi ces exploitations sont-elles plus anciennes que la ville elle-même, car la première pierre du palais, qui fut construit bien avant la ville, inaugura l’ouverture de la première carrière dans les gorges d’Apremont. Tant qu’on n’eut à faire face qu’aux besoins locaux, les exploitations ne prirent pas une grande extension ; mais quand on commença de paver Paris et les routes qui y. aboutissent, on se mit à l’œuvre de tous côtés, et des carrières s’ouvrirent sur tous les points. Cette industrie s’exerçait d’abord sans contrôle, chacun s’établissant à son gré et n’obéissant qu’à son caprice ; mais les dommages causés à la forêt furent bientôt tels qu’on fut obligé de réglementer les concessions pour empêcher la ruine des peuplemens. Ce n’est pas toutefois, sans protester que les carriers se plient aux restrictions qu’on leur impose. En 1848 notamment, ils s’insurgèrent et se portèrent jusqu’à menacer de mort les agens qui avaient cherché à les contenir.

Chaque maître carrier travaille pour son compte. Après avoir obtenu