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propos de la confection des listes de candidatures. Des comités qui n’avaient et ne pouvaient avoir de mandats légitimes ont affiché des prétentions contradictoires et n’ont pu se mettre d’accord. Les journaux libéraux n’ont pas voulu se soumettre aux prétentions de comités qui n’avaient point une compétence démontrée. Cette confusion ne pouvait que rendre hésitantes les candidatures considérables qui devaient donner aux élections une signification neuve. Pour couper court à ces tiraillemens, pour aller au plus pressé et produire une solution pratique, les candidats de la démocratie libérale sortant du corps législatif, et dont les titres ne pouvaient plus être mis en contestation, d’accord avec trois journaux libéraux sur cinq, ont dressé une liste sommaire, et ont cru devoir désigner eux-mêmes les candidats de l’opposition. La publication de cette liste a mis en lumière de nouveaux inconvéniens ; elle n’a point paru émaner d’une autorité suffisante ; elle a semblé usurper sur la liberté des électeurs en circonscrivant arbitrairement au profit de ses élus le nombre des candidatures d’opposition ; elle a été peut-être trop hâtive. Enfin la principale cause de la défaveur qu’elle a excitée sur-le-champ a été la place que s’y sont donnée deux rédacteurs en chef de journaux. C’eût été peut-être un acte de bon goût de la part de ces écrivains, en un moment où, dans un intérêt libéral, ils allaient faire un coup d’autorité, de ne point user de leur pouvoir à leur profit, et d’effacer au contraire leurs prétentions personnelles. Quoi qu’il en soit, la liste des trois journaux a soulevé de vives protestations au sein des électeurs et de la part des journaux qui ont voulu réserver leur liberté. Les trois députés sortans, MM. Jules Favre, Picard et Émile Ollivier, si remarquables par leur talent de parole, qui ont porté seuls pendant six années la charge de l’opposition, et envers lesquels il n’est pas un démocrate libéral qui n’ait contracté une dette de reconnaissance, ne peuvent rencontrer parmi nous aucun adversaire. M. Darimon, rédacteur d’un des trois journaux dictateurs, souffre un peu de la protection que ce journal est censé lui donner, et nous apprenons qu’un spirituel et actif rédacteur des Débats, M. Weiss, se présente en concurrence avec lui dans la septième circonscription. On n’élève aucune objection contre MM. Jules Simon et Pelletan, connus par leur talent et par leurs études de philosophie politique et d’économie sociale, mais M. Havin, directeur du Siècle, rencontre un sérieux compétiteur dans M. Ferdinand de Lasteyrie. M. Guéroult, de l’Opinion Nationale, rencontrera dans la sixième circonscription un rival redoutable dans M. Prevost-Paradol. Nous ne regretterions point, pour notre compte, de voir entrer à la chambre un écrivain tel que M. Guéroult, dont nous ne partageons point toutes les idées, mais qui occupe devant le public une position notable ; cependant, en suivant nos affinités d’opinions, en nous laissant aller à l’attrait d’un bien rare talent, nous nous prenons à souhaiter le succès de M. Prevost-Paradol. M. Vavin, qui comptait se présenter dans la sixième circonscription, et qui avait réuni 9,000 voix aux