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produit, là tant de chaleur absorbée. De ces essais, M. Favre a tiré le nombre 443, un peu supérieur à celui dont M. Verdet a proposé l’adoption.

Il ne paraît pas difficile, nous pouvons le dire en passant, de découvrir la raison pour laquelle M. Favre a trouvé un nombre trop élevé. En indiquant cette raison, nous sommes amenés à parler incidemment des effets mécaniques de l’électricité, sur lesquels nous ne voulons point d’ailleurs nous étendre aujourd’hui, parce que nous nous réservons d’en parler avec quelque détail dans une autre occasion. L’action chimique développée dans la pile de M. Favre se manifeste à la fois sous forme calorique et sous forme électrique ; il y a chaleur sensible au thermomètre et courant électrique sensible au galvanomètre. Je sais bien que ces deux effets sont liés par une relation simple et directe (la chaleur est proportionnelle au carré de l’intensité du courant) ; mais est-ce à dire pour cela qu’ils ne soient qu’une seule et même chose ? Est-ce à dire que, si l’on tient compte de l’un des effets, il devient loisible de négliger l’autre ? Évidemment non. En même temps qu’une certaine quantité de chaleur se transforme en travail, dans l’expérience de M. Favre, une certaine quantité d’électricité cesse de s’accuser au galvanomètre, et rien ne nous autorise à faire abstraction des effets mécaniques de ce phénomène. Si donc M. Favre rapporte à une même calorie un trop grand nombre de kilogrammètres, c’est peut-être qu’il lui attribue une portion de travail qui doit en bonne justice être mise au compte de l’électricité. Encore une fois, nous ne faisons que jeter cette indication en passant. Elle répond à cette idée que, si l’on étudie la connexité qui lie l’affinité chimique, la chaleur et le travail mécanique, il est nécessaire, en dernière analyse, d’y faire entrer aussi l’électricité. C’est une action à quatre personnages. L’un d’eux, dira-t-on, joue un rôle accessoire au point de vue mécanique. Accessoire, peut-être, mais négligeable, certainement non ! Rien n’empêche cependant de faire abstraction momentanément de l’un d’eux, à la condition de bien connaître la réserve que l’on fait, et de ne pas se laisser entraîner par cette omission dans des raisonnemens inexacts. Cette réserve, cette omission, nous la ferons d’ailleurs aujourd’hui, afin d’isoler et de mettre en relief la relation directe qui a été signalée entre la chaleur et le travail, et que nous nous sommes proposé en ce moment d’étudier tout spécialement. C’est en effet là, dans l’action générale, la portion la mieux connue et la mieux définie. Quant au rôle particulier qu’y joue l’électricité, il est jusqu’ici resté plus obscur, et nous demanderons en tout cas la permission de le laisser aujourd’hui complètement dans l’ombre.

Tout en évitant de parler des phénomènes électriques, nous ne