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deux séries d’expériences récentes mettent en évidence la relation qui lie dans les corps vivans la chaleur au travail. Nous voulons parler des recherches de M. Hirn et de celles du docteur Béclard.

M. Hirn a abordé de front la question et cherché une solution d’ensemble en opérant sur le corps même de l’homme.

C’est un fait indiqué d’abord par Lavoisier et Laplace, confirmé par les expériences de Dulong et Despretz, éclairé ensuite par les travaux de MM. Favre et Silbermann, et maintenant définitivement acquis à la physiologie, que la chaleur animale est due entièrement, ou du moins presque entièrement, aux actions chimiques que produit la respiration ; ce qui peut en être dégagé par d’autres actions, par la nutrition, par la circulation du sang, est complètement négligeable. L’oxygène inspiré brûle dans le corps des matières hydro-carbonées, et l’animal expire de l’acide carbonique et de l’eau. L’intensité de cette action respiratoire varie beaucoup avec l’âge, le sexe, l’état de santé des divers individus. M. Hirn s’est proposé de l’étudier sur un même individu à l’état de repos et à l’état de mouvement.

Pour parler d’abord de l’état de repos, on sait que le corps humain conserve une température tout à fait constante, dont la valeur est de 37 degrés environ dans nos climats. On peut donc dire que la chaleur développée à l’intérieur du corps par l’action respiratoire[1] en sort incessamment tout entière sous diverses formes, évaporation pulmonaire et cutanée, échauffement de l’air expiré, rayonnement, contact des corps ambians. M. Hirn a commencé par vérifier cette supposition, qu’il a trouvée sensiblement exacte.

Il plaçait un homme dans un espace hermétiquement clos, en le laissant d’abord, pendant un temps donné, à l’état de repos absolu. Le sujet absorbait l’air par le nez au moyen de deux petits tubes introduits dans ses narines et qui communiquaient avec un gazomètre dont le débit était facilement mesuré ; il expulsait les produits de la respiration par un autre tube introduit dans sa bouche, et qui aboutissait à un second gazomètre, où l’acide carbonique et la vapeur d’eau pouvaient être dosés. La température de ces divers gaz étant soigneusement mesurée, ainsi que réchauffement de l’enceinte dû à la chaleur perdue par le sujet, M. Hirn trouvait que pour chaque gramme d’oxygène brûlé, l’homme émettait au dehors environ 5 calories 1/2. Ce résultat confirmait suffisamment le raisonnement

  1. Cette chaleur, on vient de le voir, varie beaucoup suivant les individus. On peut cependant, si l’on veut en donner une moyenne grossière, l’évaluer à 100 calories par heure, la combustion pendant une heure étant estimée à 10 grammes de charbon et 0,6 grammes d’hydrogène ; or un gramme de charbon en brûlant dégage 8,08 calories, et 1 gramme d’hydrogène en dégage 34,5.