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quatre espèces de diplômes, depuis le diplôme de permission, qui est le plus modeste, jusqu’au diplôme de capacité, qui est le plus élevé, en passant par les diplômes d’épreuve et de compétence. Chacun de ces grades est en outre subdivisé en trois numéros, de sorte qu’il y a douze manières d’être instituteur primaire ou institutrice dans les maisons des pauvres, et qu’à chacun de ces modes sont attribués des émolumens différens. À ces encouragemens les bureaux des paroisses ajoutent leur garantie pour un minimum de traitement : dans certains cas, c’est à la partie fixe que s’applique cette garantie ; d’autres fois, c’est à la partie éventuelle, et il est des occasions où ce droit a été porté jusqu’à 10 shillings par tête d’enfant.

Malgré ces avantages, conférés par l’état ou arrachés aux agences locales, la position n’est rien moins qu’enviée. Les maîtres de première classe ne peuvent, dans une école de pauvres, gagner au-delà de 65 livres (1,600 francs environ), tandis qu’un maître de première classe dans une école libre arrive aisément à 133 livres (3,300 francs environ) en salaire fixe ou en capitation. L’écart est considérable, quoique le grade soit le même. Ce n’est pas le seul motif qui éloigne les instituteurs d’élite, ceux qui ont la faculté de choisir. De toutes les écoles, il n’en est point où l’on soit plus assujetti que celles des pauvres. Les vacances n’y ont rien de fixe, la liberté personnelle est subordonnée aux règles de la maison ; les instituteurs y sont en présence d’administrateurs de qui ils relèvent, et qui, pour l’éducation et les manières, souvent ne les valent pas. Dans un tel lieu, vis-à-vis des sujets qui leur sont confiés, la besogne est ingrate, obscure, et ne peut donner d’autre satisfaction que celle de la conscience. Ce qui empire encore les choses, c’est cette partie du traitement dont le chiffre s’élève ou descend suivant le nombre des élèves. Aucune combinaison ne pouvait être plus maladroite ni aller plus directement contre son but. L’intérêt des enfans est de sortir le plus tôt possible de ces maisons de perdition, et c’est aussi l’intérêt de la société ; l’intérêt des instituteurs est de les y retenir le plus longtemps possible pour n’avoir pas à essuyer de rabais dans leur traitement : chaque succès leur est un préjudice. Plus d’une fois les inspecteurs, et après eux le comité du conseil privé, se sont prononcés contre ce mode de rétribution, où l’homme scrupuleux travaille contre lui-même et où celui qui ne l’est pas n’agit qu’au détriment de ses élèves et de la société qui les lui confie. Ces remontrances ont été vaines ; soit routine, soit faux calcul, les paroisses ont maintenu leur singulière comptabilité, et par suite le préjudice moral qu’elle cause.

Pour relever le personnel des instituteurs, le comité du conseil