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consentirait à prendre à sa charge. Les réponses des gardiens furent identiques à quelques variantes près ; en acceptant la proposition, ils se montraient disposés à payer, à titre de subvention, l’équivalent de ce que leur coûtaient les enfans dans l’intérieur du workhouse. Cinq de ces établissemens ne mettaient point de réserve dans leur acquiescement ; un seul, l’Union du Strand, crut devoir consulter les commissaires des pauvres sur la légalité de la combinaison. Ce fut une pierre d’achoppement. Au lieu de s’inspirer de l’esprit de la loi, les commissaires s’en tinrent strictement à la lettre, et après de longues délibérations déclarèrent aux gardiens qu’à leur grand regret ils ne pouvaient accepter comme légal cet emploi d’une fraction, même minime, de la taxe des pauvres. À l’appui, ils citaient quelques actes du parlement et des prescriptions à leurs yeux impératives. Au fond, la question se prêtait à la controverse, et avec un peu de bonne volonté les argumens n’eussent pas manqué pour la résoudre dans l’autre sens. Toujours est-il que d’un commun accord gardiens et commissaires laissèrent les choses suivre leur cours ; la société en fut pour ses offres. On lui refusa même des enfans qu’elle s’engageait à élever à ses dépens et sans indemnité d’aucune sorte.

Ainsi se passent les choses pour les pauvres qui sont casernes ; leurs 38,000 enfans vont tous aux écoles et recueillent de cette fréquentation un bénéfice trop souvent compromis par les influences dangereuses de la résidence. Il n’en est pas de même pour les 262,204 enfans appartenant aux pauvres du dehors (out door), comme les Anglais les nomment. À ce nombre, qui ne comprend que les enfans assistés des unions de paroisses, il faut ajouter 26,220 enfans relevant de paroisses indépendantes, ce qui forme un total de 288,424 enfans de pauvres que la condition de leurs parens vouerait à l’ignorance, si on ne leur venait en aide par des institutions spéciales. Les premiers et les plus directement engagés dans cette assistance sont encore les gardiens. Un acte récent les autorise, s’il y a lieu, à pourvoir à l’éducation des enfans qu’on peut appeler les externes du paupérisme. Ce n’est pas une obligation, c’est seulement une faculté, et dans beaucoup de comtés on se dérobe volontiers à ce surcroît de charges. Un document de 1857 constate que le nombre total des enfans libres entretenus dans les écoles par les gardiens n’excédait pas alors 6,537, causant une dépense annuelle de 1,828 livres sterling. D’autres relevés établissent que sur neuf comtés, — Dorset, Durham, Monmouth, Northampton, Oxford, Glocester, Rutland, Hampshire, Cornwall, — cinq n’élevaient point d’enfans de pauvres, un en élevait un avec une dépense de 5 shillings 8 deniers, un autre deux avec une dépense de 7 shillings, un autre