Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 46.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en raison de celui des élèves. En retour de ces avantages, le comité demandait que l’école devînt une école industrielle avec quelques variétés d’apprentissage, qu’elle se recrutât exclusivement parmi les enfans abandonnés ou les enfans de repris de justice, qu’elle acceptât pour ses maîtres et leurs auxiliaires la surveillance et le contrôle des inspecteurs du gouvernement ; enfin qu’elle astreignît les enfans à une mise plus convenable et à de meilleures habitudes de propreté. Plus tard, le comité retira une partie de ses offres, en imposant d’autres entraves. Il diminuait sa part de concours dans la capitation et le traitement des maîtres, et condamnait avec plus de force toute admission d’élèves en dehors de la population vicieuse. « Ces écoles, disait l’organe du comité, ne peuvent être que provisoires ; si on les assiste, c’est pour avoir le droit de les contenir. Tôt ou tard, il faudra qu’elles se fondent dans les écoles élémentaires ou industrielles que la loi classe et que l’état soutient. » A quoi les partisans de ces établissemens répondaient : « Vous avez beau faire, il y a dans les communautés humaines une couche inférieure que vous n’avez jamais atteinte et n’atteindrez jamais avec vos écoles payantes. Nos écoles seules sont en contact avec ces natures réfractaires qu’il faut à la fois dompter et éclairer ; elles ne suffiront à la tâche qu’à la condition d’être aidées. Cette tâche exige de bons instrumens et pour avoir ces instrumens, il faut y mettre le prix. À qui recourir pour cela ? Les moyens ordinaires resteraient en-deçà du but ; l’état seul peut supporter de telles dépenses. Dès lors la marche à suivre est indiquée : l’état doit prendre ces établissemens à sa charge et sous sa conduite ; l’utilité le conseille autant que la justice. »

Voilà les plaidoiries échangées et le vif de la question ; aucune n’est plus délicate. Il s’agit encore d’un empiétement auquel on convie les pouvoirs publics : ce sont là de mauvais symptômes. L’action privée, qui a tant fait pour l’Angleterre et l’a élevée si haut, semble frappée de lassitude ; elle désarme, elle offre de rendre ses places de sûreté. Ces faiblesses peuvent conduire loin, et c’est déjà un danger qu’on les exprime. Un autre problème est d’ailleurs attaché à la composition de ces écoles. Jusqu’ici, la méthode préférée pour combattre les élémens vicieux était de les confondre avec de bons élémens et de les réduire à l’impuissance par ce voisinage. C’était un traitement indirect dont beaucoup d’épreuves attestaient l’efficacité. Pour ces écoles au contraire, la méthode est de n’admettre que des élémens notoirement vicieux, et le comité du conseil privé insiste sur ce point, il en fait une condition de ses faveurs. Il s’agit dès lors de concentrer le mal pour le vaincre par un traitement direct. L’opinion peut hésiter entre les deux systèmes ; mais elle n’en rend