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LE
PRINCE VITALE
ESSAI ET RÉCIT À PROPOS DE LA FOLIE DU TASSE

DEUXIÈME PARTIE[1]


V

— Mon cher baron, dit Mme Roch en le revoyant le lendemain, me voilà toute reposée. Partons bien vite pour Tivoli, où monseigneur Spinetta nous attend.

— Hélas ! madame, répondit-il, Tivoli n’est pas ce qu’un vain peuple pense, et nous ferons bien de n’y pas aller.

— J’y veux aller, dit-elle ; Tivoli est un lieu charmant, et monseigneur Spinetta est un grand tassiste.

— Eh bien ! partons, madame ; mais, je vous en préviens, au retour nous serons de méchante humeur. Tivoli ; voyez-vous, n’est qu’un grand creux environné de montagnes calcaires en forme de pitons, de mamelons. Ces pitons sont gris, tristes, monotones, et, pour tout dire, représentez-vous le Jura avec des oliviers. Certes, quand la nature fit le Jura, elle avait encore beaucoup à apprendre ; mais ce qui est plus grave c’est qu’à Tivoli on ne trouve pas du tout monseigneur Spinetta, et qu’on trouve à sa place des chutes d’eau en nombre incalculable, et qui toutes ont été faites de matin d’homme. Ah ! par exemple, c’est la collection la plus complète

  1. Voyez la livraison du 1er juillet.