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Le tracé surtout est l’objet de vives contestations, car aux intérêts de l’art viennent s’ajouter ceux des localités. Aussi s’élève-t-il bien des critiques. Il faudrait connaître toute l’étendue de la question, toutes les données du programme, tous les vœux formulés, toutes les statistiques recueillies, enfin toutes les lois techniques qu’on a dû mettre en balance, pour choisir, sinon une solution parfaite, du moins celle qui blesse le moins d’intérêts. Ce n’est point par un simple examen sur place qu’on peut juger un tracé, un emplacement de gare, un type adopté, un profil de voie. le public s’étonnera par exemple de la multiplicité des courbes, rampes, tunnels, et de ces viaducs d’une hardiesse inconnue aux Romains, lorsqu’il semblait si facile de porter la voie dans une plaine voisine ; mais il ne sait pas que des sondages ont révélé dans la plaine cette nature de sol mouvant où l’on ne parvient jamais à poser une voie solide, à moins de prodiguer les millions. Un viaduc, un tunnel frappent l’imagination sans doute, mais la découverte et le choix d’un tracé facile, économique et sans encombre, constituent un mérite plus sérieux, où des ingénieurs que chacun nomme ont trouvé leur gloire, car dans les applications mécaniques les solutions simples sont celles qui demandent le plus de recherches. Toutefois, dans le tracé d’un, chemin de fer, la solution simple n’est pas toujours la bonne. On en a une preuve dans le formidable tunnel qu’on perce si laborieusement sous le Mont-Cenis, au lieu de suivre, avec des courbes et des rampes impraticables, les sinuosités des vallées, où les avalanches sont d’ailleurs à redouter pendant une moitié de l’année. Sans multiplier les exemples, il suffira de reconnaître que si les ingénieurs n’ont pas le privilège d’éviter les erreurs, il y a dans le contrôle respectif d’une administration ramifiée en plusieurs branches, travaillant avec des préoccupations diverses, une première garantie de cette bonne étude des ; plans d’où résulteront pour un chemin de fer la durée et la sécurité.

Nous venons de parler du tracé. Pendant que l’ingénieur de la voie l’étudié sur les données du service de l’exploitation future, les plans des machines s’élaborent d’autre part chez l’ingénieur du matériel. Les plans discutés et adoptés par la compagnie, par l’administration supérieure, on arrive à la période d’exécution, dont la première phase est le choix des matières premières. Telle en est l’importance sur les chemins de fer, sujets à tant de fatigue, qu’on va les chercher parfois très loin, quand elles se trouvent cependant surplace, notamment la chaux, les cimens et la pierre de taille, les terres, les bois et les métaux.

Les terres employées à dresser les remblais pu chaussées doivent être choisies et classées. Autant que possible on écarte les argiles,