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nous sommes aujourd’hui fort curieux. M. Helbig a voulu sans doute ne faire acte que d’excellent érudit, écrivant dans un recueil qui puisait aux mêmes sources que le premier ouvrage de M. de Weber dont nous avons rendu compte, mais qui se proposait un autre but en s’enfermant plus exclusivement dans le pur domaine de l’histoire érudite. L’exposition savante qu’il a faite des négociations entre Louis XIV et l’électeur de Saxe pourra être ailleurs pour M. Helbig l’occasion d’un travail d’ensemble qui deviendra, avec un entier usage de tous les documens dont il dispose, une importante étude d’histoire diplomatique. M. Helbig a déjà prouvé qu’il joignait aux qualités du savant celles de l’historien : il est connu par un livre sur Gustave-Adolphe et les Électeurs de Saxe et de Brandebourg qui contient de nombreux documens inédits, et qui fait autorité. Il a récemment publié une étude spéciale des rapports diplomatiques entre le gouvernement de Louis XIV et la Pologne pendant les années 1692-1697 ; il a ensuite édité, en la commentant, une curieuse relation d’Isaïe Pufendorf, envoyé suédois à Vienne et frère du célèbre Samuel, sur l’empereur Léopold, sa cour et sa faible politique de 1671 à 1674. Les Suédois étaient alors, dans ces premières et brillantes années du règne de Louis XIV, nos fidèles alliés ; aussi Pufendorf expose-t-il dans cette relation les efforts qu’il a tentés à Vienne pour seconder les intentions politiques du grand roi : il s’agissait de forcer l’empereur à l’inaction pendant la guerre franco-hollandaise. Notre XVIIe siècle, toujours plus intéressant à mesure qu’on l’étudie et qu’on le connaît davantage, s’éclaire de lumières nouvelles grâce à tant de recherches. Involontairement, c’est cette grande époque, si féconde en grandes combinaisons politiques conçues sous l’ascendant de la France, que M. de Weber et ses collaborateurs rencontreront le plus souvent dans leurs recherches désintéressées. Nous avons donc plus d’une raison pour applaudir au succès de leurs efforts, et il y aurait lieu de souhaiter que, dans les autres parties de l’Allemagne, l’étude de l’histoire fût servie par un pareil zèle de la part des écrivains, par une pareille libéralité de la part des gouvernemens.


A. GEFFROY.
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Mémoires d’Histoire ancienne et de Philologie, par M. Émile Egger, de l’institut[1].


Ce volume est un recueil de mémoires publiés à diverses époques dans des journaux savans. M. Egger a pensé qu’il ne fallait pas les y laisser, et qu’il était bon d’en rendre la lecture plus facile aux gens qui auraient besoin de les consulter. En les réunissant, il a rendu un véritable service à ceux qui veulent s’instruire. Ces mémoires traitent de sujets très différens. S’il y en a quelques-uns qui touchent à de hautes questions de littérature et d’histoire, le plus grand nombre semble, au premier abord, d’un intérêt beaucoup plus mince, et bien des gens sans doute, en lisant la table des matières placée en tête du volume, se demanderont si c’était bien la peine de se donner tant de mal pour déchiffrer quelques mots douteux sur des fragmens de papyrus ou des tessons de poterie. Là pourtant est la véritable importance du livre de M. Egger ; c’est par ces études

  1. Paris, Auguste Durand.