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PÉRÉGRINUS.

S’il vient,... ce ne sera que vers minuit, et vous serez endormie à cette heure-là...

NANNI.

Quel malheur! moi qui aurais tant voulu le voir!

PÉRÉGRINUS.

Il ne viendra peut-être pas! A quoi bon? je n’ai plus de divertissement à lui donner, plus d’arbre de Noël, plus rien,... car Max a tout détruit, n’est-ce pas?

NANNI.

Hélas! tout!

PÉRÉGRINUS.

Même l’arbre?

NANNI.

Il en a fait des allumettes pour le poêle! Mais il n’est que neuf heures, monsieur Tyss; on pourrait faire venir d’autres jouets.

PÉRÉGRINUS.

Non, c’est inutile. Max est résolu à ne pas me quitter, et je ne veux pas…

NANNI.

Vous ne voulez pas qu’il voie votre fils?

PÉRÉGRINUS.

J’ai donc dit que c’était un fils?

NANNI.

Je croyais! Pendant le souper...

PÉRÉGRINUS.

Oui, j’ai dit cela pour... (surpris, écoutant des pas qui résonnent au-dessus du plafond.) Mais qui donc marche là-haut, dans la chambre fermée?

NANNI, effrayée.

Ah! Jésus! on marche?

PÉRÉGRINUS.

Ce doit être Fritz?

NANNI.

Ah! oui, c’est Fritz, à qui M. Max a donné l’ordre de lui faire un lit.

PÉRÉGRINUS.

Dans cette chambre inoccupée depuis plus de vingt ans?

NANNI.

Vingt ans!

PÉRÉGRINUS.

C’est là que demeurait un vieux ami de ma famille, un homme bien simple en apparence, vulgaire même, un pauvre ouvrier, mais un homme de génie dans sa partie.

NANNI.

Oh! je sais, le vieux mécanicien, maître Rossmayer. Ma grand’mère m’en parle souvent, elle l’a connu. Il passait pour un peu sorcier à cause des beaux ouvrages qu’il faisait... Et cela vous contrarie que l’on dorme dans sa chambre?