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Au midi de l’Europe, dans la péninsule ibérique comme dans la péninsule italique, progression analogue. Le mouvement y a même été beaucoup plus général, beaucoup plus systématique que dans les pays du nord. C’est que dans les deux péninsules les idées de liberté ont désormais jeté des racines qui fournissent aux transactions de plus solides garanties, au travail des stimulans plus énergiques. En Espagne, l’achèvement de lignes récemment inaugurées nous amène bien près du but final. On exploite maintenant sur toute son étendue le chemin de Madrid à Saragosse, qui communique à droite avec Pampelune, à gauche avec Barcelone, par deux lignes ouvertes l’une et l’autre. De cette dernière cité part, dans la direction de nos frontières, le chemin terminé jusqu’à Girone. Sur la ligne de Madrid à la Bidassoa, constituant la grande artère de la compagnie du Nord, les âpres monts du Guadarrama, qui sillonnent la Vieille-Castille, ont livré passage aux locomotives, grâce à une suite de tunnels et de viaducs d’une construction des plus laborieuses. Le service embrasse dès à présent sans interruption 683 kilomètres sur un total d’un peu plus de 700, et il va franchir les Pyrénées et toucher la frontière française avant une année. Du côté du Portugal, un important rameau gagne déjà les frontières près de Badajoz, où il rejoint la ligne espagnole qui mettra Lisbonne en communication avec Madrid, et de là avec les voies dirigées vers la France. En même temps s’achève au midi de la capitale le trait d’union entre les lignes du nord et les chemins du sud-est et du sud-ouest, de telle sorte qu’au bout des grandes voies ferrées ibériques les villes de Lisbonne, Cadix et Malaga, apparaissent comme les lointains pendans des trois cités moscovites que nous nommions tout à l’heure. Dans le vaste cadre des entreprises de la Péninsule, ce sont les lignes mêmes qui prolongent et complètent le plus directement le faisceau européen, celles qui servent d’affluens immédiats à nos chemins français, auxquelles on a vu s’attacher avec le plus de persistance l’ardeur des intérêts et l’impatience du public.

Au-delà des Alpes cependant, les tendances locales ont offert encore quelque chose de plus vif et de plus spontané. D’un bout à l’autre de l’Italie, on travaille avec une sorte de fièvre à faire disparaître toute solution de continuité entre les lignes. Chaque jour s’achèvent d’un groupe à l’autre quelques raccordemens importans. Ainsi cette année a vu s’ouvrir sur les rivages de la Méditerranée le chemin de Rome à Ceprano (122 kilomètres), complétant la ligne de Rome à Naples (262 kilomètres). Elle a vu inaugurer en outre, du côté de l’Adriatique, le chemin d’Ancône à Pescara (146 kilomètres), qui pénètre au sein des Abruzzes, continue le sillon partant de Turin, long déjà de 665 kilomètres, et par Plaisance, Parme,