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était donc essentiellement pratique; elle n’impliquait en rien la nécessité de modifier le système des lois civiles ou politiques. Qu’il dût y avoir un sérieux intérêt à ce que des esprits expérimentés, des hommes spéciaux, pussent discuter un sujet aussi important, et mettre en commun leurs lumières et leurs connaissances, ce n’est pas contestable. Quoique dépourvue d’un caractère officiel, la réunion conseillée par la société d’Edimbourg aurait pu réunir d’utiles indices, préciser les inconvéniens dus à la diversité, encourager enfin les efforts dans le sens de l’uniformité.

Si nous voulions, pour notre part, élever une objection à l’encontre du projet conçu en Angleterre, ce serait une simple objection de circonstance. Antérieur à l’achèvement des grandes lignes ferrées européennes, le mouvement d’assimilation sous la forme indiquée venait peut-être un peu trop tôt. Mieux eût valu attendre l’achèvement du réseau ferré sur le continent. Le contact qu’il facilite entre les divers pays augmente évidemment les chances favorables. Si c’était Là une raison pour expliquer l’échec, c’en est une aussi pour espérer d’un avenir prochain la reprise d’études trop sommairement mises à l’écart. Il y en a une autre non moins déterminante, et qui résulte des faits cités tout à l’heure, à savoir que de nombreuses imitations ont déjà consacré l’autorité d’un type auquel on peut se reporter : ce type, c’est le code français. Une telle préférence ne pouvait certes pas être réclamée par l’Angleterre, qui n’a pas de code, et où, alors même que les dispositions sont communes aux trois royaumes, elles le sont comme par hasard, sans ordre systématique, sans harmonie préconçue. Nos lois ont au contraire le mérite d’être codifiées dans un cadre symétrique; elles sont rédigées dans un style très clair. A l’exemple des deux anciennes ordonnances de 1673 et de 1681, qui leur ont servi de modèle, la dernière surtout, elles ne présentent à peu près rien d’arbitraire. Elles cherchent la solution la plus honnête et la plus juste. Nous ne voulons pas dire qu’il n’y ait point de lacune à signaler dans notre code; il en est au contraire de notables qu’ont relevées, dans des discours publics ou dans des écrits spéciaux, des juges très compétens, M. Victor Foucher, M. Blanche, M. Denière; mais, on le sait, les imperfections dont il s’agit sont bien moins imputables aux auteurs du code qu’aux changemens profonds qui se sont successivement produits dans l’état économique de la société. A l’origine, en 1809, en 1810, et longtemps après, le code correspondait suffisamment aux exigences industrielles et commerciales. Depuis lors, les rapports se sont de toutes parts multipliés, compliqués, agrandis, de telle sorte qu’en face des nécessités créées par les chemins de fer, si la France veut continuer son rôle, elle doit incessamment