Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on ne craignit pas alors de multiplier, montrent l’intérêt dominant qui présidait aux premières recherches. On remuait la terre pour y trouver quelque objet précieux; l’objet trouvé, la fosse était aussitôt recomblée. Si l’on rencontrait un édifice, on en prenait les marbres, les bronzes, les inscriptions, et l’on rejetait sur les débris dépouillés la cendre et les lapilli du Vésuve. Si l’on découvrait une peinture, on la coupait vite et on l’emportait quand elle en valait la peine; dans le cas contraire, on cassait à coups de pic, avec une jalousie puérile, les couches de stuc où elle était marquée : ces rebuts mêmes ne risquaient pas ainsi d’être glanés plus tard. Même sous Charles III, la ville conservée pendant tant de siècles par l’étrange protection du volcan était menacée de destruction par la main des hommes.

Cependant, malgré ces tâtonnemens et ces maladresses, ce fut une vraie fortune pour Pompéi d’avoir été retrouvée sous Charles III. Ce prince ne put tout ordonner du premier jour, et s’il se fit prier longtemps avant de permettre le travail souterrain, il n’en finit pas moins par y prendre goût et par le seconder de tout son zèle. C’est lui qui (sans parler de tant d’autres preuves de sollicitude pour les villes retrouvées) fonda, le 13 décembre 1755, à l’instigation de son ministre Tanucci, cette fameuse académie d’Herculanum qui, instituée « pour répondre aux vives instances du public, » composée d’abord de quinze membres, dispersée par la révolution, reconstituée par le roi Joseph et fondue par Murat, en 1808, dans une vaste création pareille à l’Institut de France, a compté parmi ses membres des hommes éminens tels que Mazzocchi, Cotugni, Melchiorre Delfico, l’abbé Galiani, Avellino, etc., a commenté les peintures et les bronzes d’Herculanum, déroulé, déchiffré, publié six volumes de papyrus, et réuni enfin ses travaux les plus importans dans la considérable collection de ses mémoires.

Après la retraite ou la mort du colonel Alcubierre et du lieutenant-colonel Weber, plus soldats que savans, le premier Ferdinand confia la poursuite de ce travail au plus habile homme qui l’eût jamais dirigé, Francesco La Vega, officier du génie. Pour démontrer sa compétence en fait d’antiquités, il dut présenter un plan de fortifications et prouver qu’il connaissait à fond l’escarpe et la contrescarpe. Lui-même raconte le fait très sérieusement. Les bastions