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petits bustes à n’en plus finir ; enfin une véritable merveille, le plus exquis chef-d’œuvre qui soit jamais sorti de Pompéi, le fameux Narcisse ?...

Que de choses, et pourtant quel catalogue incomplet! Pour ne pas le surcharger, j’ai cité de mémoire tout ce qui m’était resté devant les yeux, sans toucher à mes notes. On voit ce que donne cette mine sans pareille quand elle est exploitée par d’honnêtes gens. Dirai-je maintenant les autres progrès obtenus, les quatre ateliers établis dans Pompéi même, l’un de menuiserie, l’autre de peinture, dirigé par M. F. Abate, le troisième de réparation pour les marbres, et le quatrième de réparation pour les bronzes : ce dernier gouverné par un habile homme nommé Bramante, le plus ingénieux fabricant d’antiquités qui fut jamais? Le monde et même les musées sont remplis de saintes reliques sorties de ses mains et certifiées grecques ou romaines par les plus fins antiquaires. Si Bramante écrit jamais ses confidences, bien des galeries vantées le maudiront. Un autre de ces artistes voués à la conservation des richesses de Pompéi est un homme de bonne volonté nommé Padiglione. Il a taillé dans des morceaux de liège, avec une scrupuleuse et minutieuse exactitude, une miniature de Pompéi qui ferait envie à Meissonier. Tout s’y trouve reproduit au centième de la grandeur naturelle; les mesures sont prises religieusement, rien n’y manque, ni les pavés, ni les ornières, ni les murs en brique, ni les pierres placées à joints verticaux ou disposées en filets, ni les plus fines peintures, ni même les mosaïques. Les parois de liège sont ébréchées où elles doivent l’être, les stucs écaillés ponctuellement, la moindre crevasse indiquée. Et l’on vante les Suisses, qui taillent des chalets dans des coquilles de noix! Le vieux Padiglione est depuis longtemps leur maître.

Enfin j’ai à citer un ouvrage qui commence à peine, mais qui sera un jour d’un puissant intérêt : une Faune de Pompéi recueillie pour l’instruction des futurs zoologues. Cette collection sera peut-être unique au monde; on déterre chaque jour des monstres et même des mâchoires d’hommes antédiluviens, mais on n’en rencontre guère qui aient été contemporains de Jésus-Christ. Encore une lacune comblée par les fouilles. Le cabinet d’animaux pompéiens est pauvre encore; il s’enrichit pourtant chaque jour. On y voit déjà six tortues, deux chèvres, cinq chiens, un crâne et des sabots d’âne, un petit cochon de lait (scrofa ou scrofina) encore couché dans le vase de bronze où il cuisait pendant la fatale éruption. M. Panceri, professeur de physiologie comparée à l’université de Naples, est chargé de réunir et de classer ces ossemens instructifs.