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égaie tout cela de vives peintures éclatant au soleil, et l’on aura les maisons pompéiennes. Ce qui les distinguait surtout, c’étaient les deux cours (l’atrium et le péristyle) séparées l’une de l’autre par une grande chambre, le tablinum, qui servait de galerie pour les tableaux de famille, de bibliothèque pour les archives, quelquefois même de salle à manger. Le tablinum étant ordinairement fermé au fond par une draperie, une porte et quelquefois même par un mur, un ou deux petits couloirs (fauces) menaient d’une cour à l’autre. — L’atrium était la partie publique et en quelque sorte l’antichambre de la maison. Il ne s’y trouvait guère d’autre pièce que le tablinum et les alœ (littéralement les ailes) où le patron recevait ses cliens. La cour pouvait d’ailleurs servir de salle d’audience, quatre toits en appentis l’abritant presque toute et ne laissant à découvert que la partie centrale, où l’eau de pluie tombait dans un bassin nommé l’impluvium. — Le péristyle était la partie privée de la maison, l’habitation de la famille : il se composait en général d’un jardin entouré d’une colonnade formant un portique autour duquel s’ouvraient les cubicula, le triclinium et l’œcus ou l’exedra, c’est-à-dire les chambres à coucher, la salle à manger et le salon; ce dernier, faisant face au tablinum, régnait au fond du péristyle. Toutes les maisons de Pompéi étaient à peu près construites sur ce plan; on peut maintenant s’orienter dans celle de Proculus.

La porte à deux battans a disparu, comme toutes les portes; mais voici l’allée, ou, comme disaient les Latins, le prothyrum. Les peintures commencent déjà sur les murs, partagés en panneaux où flottent des nymphes, dansent des amours, volent des oiseaux, courent des guirlandes et repose un buste de sphinx : le tout fort effacé, parce que ce couloir fut découvert il y a déjà huit ans. On le franchit en quelques pas et l’on entre dans l’atrium. Cette première cour paraît fort simple au premier regard, et l’on pense d’abord que Proculus devait être un pauvre homme. Le pavé est en simple brique battue et rayée de morceaux de marbre rangés comme les cailloux du Petit-Poucet. L’impluvium n’est pas même revêtu de cette croûte de marbre blanc qui pare les bassins des maisons les plus vulgaires; mais un regard plus attentif jeté sur l’atrium suffit pour dissiper cette première impression : on réparait évidemment cette cour au moment de la catastrophe; tout était sens dessus dessous quand on l’a déblayée. On y a trouvé des soucoupes en terre cuite contenant des couleurs, un compas de bronze, une serrure avec son loquet dessoudé, mille outils qui n’étaient certainement pas à leur place. Enfin, dans une aile (ala) qui devait compter parmi les chambres nobles, était entassée toute la batterie de cuisine de la maison, des débris de trépieds, des grils, des chaudières, une casserole avec son manche à tête de bélier, des pots de bronze, des amphores renver-