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L’ECONOMIE RURALE
EN NEERLANDE
SCENES ET SOUVENIRS D’DN VOYAGE AGRICOLE.

I.
LES TERRES BASSES.
LE BEEMSTER. — LA RÉGION VERTE DE LA FRISE ET DE l’OVER-YSSEL.

L’économiste qui met le pied sur le sol de la Néerlande ne peut se défendre, pas plus que l’historien, d’un sentiment d’admiration et de respect quand il songe à la manière dont ce sol a été d’abord conquis sur la mer et sur les sables, puis défendu contre l’étranger. Dans la plupart des contrées où l’homme s’est fixé, il n’a eu, pour assurer sa subsistance, qu’à profiter des ressources que lui offrait la nature. On sait que dans les Pays-Bas au contraire tout faisait défaut à la fois, jusqu’à la terre, qu’il fallait créer, faire surgir des eaux et protéger contre le retour de terribles désastres par de prodigieux travaux[1]. La Zélande a mis dans son écusson un lion héraldique qui d’un fier mouvement surmonte les vagues prêtes à l’engloutir, et elle y a inscrit cette héroïque devise : Luctor et emergo, — je lutte et je surnage. Ce mot résume admirablement toute l’histoire de la Néerlande et surtout celle de son agriculture :

  1. Sur la formation du sol, le dessèchement du lac de Harlem et l’extraction de la tourbe, on trouvera d’intéressans détails dans les travaux à la fois si poétiques et si exacts qu’a publics dans la Revue M. Alphonse Esquiros; voyez surtout les livraisons du 1er juillet et du 15 décembre 1855.