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lement ce qu’il importe d’examiner. M. Home prétend démontrer, il le déclare à chaque instant, la spiritualité et l’immortalité de l’âme. Il appelle ses opérations des « signes faits pour imposer aux hommes la croyance au spiritualisme. » Il affirme que, grâce à ses pratiques, beaucoup de personnes ont senti naître en elles une vive loi dans l’immortalité, « alors qu’elles n’avaient pu être persuadées par aucun autre moyen. » Ici il nous présente un jeune officier qui est « convaincu de la vie éternelle » par les faits que le médium lui fait voir et qui invite ses amis à un souper pour abjurer solennellement ses erreurs. Ailleurs c’est un gentleman qui s’écrie : «Je vois, je crois! » Ainsi M. Home est un défenseur « officieux » du spiritualisme. Je prêche, dit-il, « un spiritualisme révolutionnaire sur lequel les savans ne savent que bâiller. » Et c’est ici qu’éclate un contraste vraiment piquant entre la fin qu’il se propose et les moyens dont il use. M. Home veut établir la spiritualité de l’âme, et les procédés qu’il emploie ne lui paraissent jamais assez matériels pour y parvenir. Il lui faut des étreintes de mains, tantôt chaudes et tendres, tantôt horribles et gluantes; il imagine des tables frappantes; il se fait enlever lui-même en l’air. Tout cela est grotesque sans doute, mais instructif. Toute caricature en effet peut nous donner un enseignement, si nous ne nous bornons pas à en rire, et si nous voulons bien considérer le trait qu’elle exagère, le défaut qu’elle met en relief. Qu’on veuille donc bien, tout en partant des scènes qui viennent d’être décrites, en atténuer peu à peu les couleurs criardes, en adoucir successivement les tons jusqu’à oublier complètement le point de départ; on arrivera peut-être, en formant ainsi une série graduée d’images, à reconnaître dans quelques-unes d’entre elles certaines opinions qui nous entourent sans nous choquer, certains systèmes où se cache sous des dehors plus ou moins acceptés la même contradiction fondamentale qui éclatait tout à l’heure dans le modèle primitif. De tout temps, l’homme, pressé par un invincible aiguillon de sortir du domaine de la matière, s’est élevé à des conceptions métaphysiques et a conçu l’idée d’êtres spirituels. Êtres spirituels, disons-nous, bien que ces deux mots ne puissent être accouplés qu’avec certaines précautions! L’homme, dans la pratique de la vie et de la pensée, a été amené à donner à ses conceptions des formes définies et par cela même très arbitraires. Qu’il doive renoncer entièrement à cette méthode, qui osera le dire? Mais qu’il doive n’en user qu’avec une extrême prudence, qui osera le nier? Si une forme d’un certain ordre est nécessaire, comme il paraît, à nos conceptions spirituelles, nous ne saurions trop nous mettre en garde contre les contradictions auxquelles cette nécessité nous pousse. A ce titre, il n’est point inutile qu’on mette par-