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ponse simple et sans apprêt il nous paraît trahir un des secrets de sa méthode; pour lui, chose rêvée est plus qu’à moitié vraie. Toutefois c’est aux faits qu’il appartient surtout de répondre. Voyons donc, avec M, Kardec, comment s’opèrent les communications de l’homme avec les esprits.

En quelques rares circonstances, les esprits se manifestent d’eux-mêmes; mais d’ordinaire les manifestations n’ont lieu que par le concours des médiums, qui sont des personnes douées d’une faculté organique spéciale. N’est pas médium qui veut; tout le monde ne va pas à Corinthe. En posant ce principe, M. Kardec n’a pas, que nous sachions, indiqué les rapports qu’il a pu remarquer entre les dispositions organiques des individus et leur faculté médianimique; il établit seulement qu’elle est tout à fait indépendante de leur état intellectuel ou moral, et « qu’on la trouve très développée chez les plus indignes comme chez les plus dignes. » Il est cependant une disposition morale que M. Kardec exige de ses médiums, il faut qu’ils soient modestes et dociles; ils ne sauraient trop se garder de l’orgueil. « Ce sentiment, ajoute-t-il, est malheureusement excité par les éloges dont ils sont l’objet; quand ils ont une faculté un peu éminente, on les recherche; ils finissent par croire à leur importance, ils se regardent comme indispensables, et c’est ce qui les perd. »

Quant aux procédés de communication, ils varient; certains esprits frappent des coups, répondent par oui ou par non, désignent les lettres qui doivent former les mots. « Les coups peuvent être obtenus par le mouvement de bascule d’un objet, d’une table, par exemple, qui frappe du pied. Souvent ils se font entendre dans la substance même des corps, sans qu’il y ait dans ceux-ci aucun mouvement. » Mais ces méthodes primitives sont lentes et se prêtent difficilement à des communications d’une certaine étendue. On les a remplacées par l’écriture, qu’on obtient d’ailleurs de diverses manières. « On s’est d’abord servi et l’on se sert encore quelquefois d’un objet mobile, comme une petite planchette, une corbeille, une boîte, à laquelle on adapte un crayon dont la pointe pose sur une feuille de papier. La nature et la substance de l’objet sont indifférentes. Le médium place les mains sur cet objet, auquel il transmet l’influence qu’il reçoit de l’esprit, et le crayon trace des caractères.» Comme cette disposition ne présentait en somme qu’une sorte de porte-crayon un peu compliqué, on a supprimé des intermédiaires inutiles et mis le crayon dans la main même du médium. C’est par ce moyen que s’obtiennent journellement, sous la dictée des esprits, de volumineuses dissertations que la Revue spirite enregistre et propage. Là aboutit l’œuvre de M. Kardec. La Revue spirite, ali-