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en jour. Le crédit financier de l’Italie est désormais établi ; on assure que l’armée nationale est faite, que les divers élémens de l’Italie y sont complètement fondus, et que le petit noyau piémontais a répandu sur cette organisation son instruction militaire et son excellente discipline. Le seul défaut de l’armée est d’être trop nombreuse, si on la compare aux ressources financières du nouveau royaume. Avec l’armée, ce sont les finances qui constituent la vitalité d’un état. L’Italie mettra plus de temps sans doute à s’élever à l’équilibre financier qu’elle n’en a employé à constituer sa force militaire. L’accroissement des revenus, la productivité des taxes, dépendent en effet des progrès de la richesse générale, du développement de la production et de l’accélération des échanges. La sécurité politique et l’accroissement des voies de communication sont les conditions de ce progrès. Le gouvernement italien fait beaucoup pour les voies de communication ; il n’épargne rien pour presser l’exécution de son réseau ferré. Si d’ailleurs l’Italie est obligée de consacrer beaucoup d’argent à ce qu’on pourrait appeler ses frais de premier établissement, il s’en faut qu’elle soit dépourvue de ressources extraordinaires. Nous avons sous les yeux une intéressante brochure d’un membre du sénat, M. Marliani, qui montre le parti que l’Italie peut tirer des biens de mainmorte. Le travail de M. Marliani est adressé à M. Minghetti, ministre des finances, qui saura y trouver d’utiles renseignemens. M. Marliani montre en effet par des chiffres les profits que l’Espagne a trouvés dans l’aliénation des biens de mainmorte. La ''desamortizacion'' a été pour l’Espagne une mine d’or ; elle pourra l’être aussi pour l’Italie. Au point de vue de la sécurité intérieure, la grande difficulté est toujours l’administration des provinces méridionales ; mais sur ce point aussi des symptômes d’amélioration se manifestent. Le brigandage décline. Nos conseils de guerre le punissent à Rome ; notre gouvernement vient de consentir à l’extradition des brigands arrêtés sur l’Aunis ce qui termine cette délicate affaire de la façon la plus satisfaisante pour le cabinet italien. Les brigands les plus célèbres font leur soumission. Enfin l’actif ministre de l’intérieur, M. Peruzzi, va, dit-on, étudier par lui-même les griefs des populations méridionales, et cette enquête amènera sans doute d’utiles réformes administratives.

L’Italie, pour le moment, ne vient donc pas ajouter un embarras à la liste des nombreux soucis que la politique française rencontre ou s’est suscités à travers le monde. Parmi ces causes d’anxiété, celle qui pèse le plus directement sur nous aujourd’hui est l’affaire du Mexique. Comme si par elle-même notre entreprise mexicaine ne présentait point assez de difficultés, on semble l’encombrer à plaisir de complications nouvelles. Certains esprits frivoles et téméraires voudraient en faire le point de départ d’une déviation regrettable de la politique française et changer une expédition excentrique en un système d’hostilité permanente contre la république des États-Unis. Si ces idées ne s’étaient fait jour que dans des brochures anonymes, nous en serions peu émus. Elles coïncident malheu-