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M. Valentin Carderera, n’était venu récemment démentir dans une certaine mesure ces humbles coutumes de l’art espagnol et dénoter de plus sérieux efforts. C’est ce qu’on pourrait dire aussi, par opposition aux vulgaires produits de l’imagerie russe, de l’intéressante collection chromo-lithographique éditée à Moscou sous ce titre, les Antiquités de la Russie.

En Angleterre, la lithographie a été souvent employée avec succès, mais dans un but archéologique ou scientifique plutôt qu’en vue de l’art lui-même et des ressources qu’il peut offrir à l’expression de la fantaisie. Les recueils où l’on trouve soigneusement reproduits des monumens de l’architecture, des costumes anciens, des spécimens de botanique ou de zoologie, ne sont pas rares chez nos voisins, et depuis les lithographies que Owen Jones a insérées, à côté de planches gravées, dans son beau livre sur l’Alhambra, jusqu’à celles dont se composent les ouvrages publiés par M. Gally Knight sur l’Art ecclésiastique en Italie, ou par M. John Gould sur les Oiseaux de l’Australie, on pourrait citer bien des témoignages de ce concours prêté par le crayon aux travaux de l’érudition anglaise. Il serait plus difficile de rencontrer aux mêmes lieux des œuvres vraiment remarquables dans l’ordre des sujets de mœurs du de paysage, dans la caricature même : non pas certes que l’école anglaise dédaigne aucun de ces trois genres, mais parce que, au lieu de les traiter à l’aide du procédé lithographique, elle a recours en pareil cas à la gravure sur bois ou à ce mode de gravure bâtard dont les vignettes des keepsake offrent de si nombreux échantillons.

Enfin, depuis l’époque des premiers essais lithographiques jusqu’au temps où nous sommes, l’Allemagne a vu se succéder deux générations de dessinateurs habiles, mais d’une habileté vouée tout entière à la traduction des œuvres du pinceau. Encore a-t-il fallu, pour le plein succès de l’entreprise, que les modèles fussent choisis parmi les monumens de l’art national. En essayant d’interpréter par exemple les tableaux flamands ou hollandais, le crayon allemand n’a pas réussi à se départir de ses habitudes un peu raides, à s’assouplir aux conditions imposées par cette peinture à la fois précise et facile. Pour n’invoquer que ce témoignage entre beaucoup d’autres, la partie consacrée à l’école des Pays-Bas dans un grand ouvrage, la Galerie de Dresde, par Franz Hœnfstaengl, donnerait une assez fausse idée du mérite des originaux, si l’on en jugeait seulement sur les copies. Il n’en est pas ainsi des recueils où ne figurent que des lithographies d’après les tableaux ou les dessins de peintres nés de l’autre côté du Rhin. Dès l’année 1821, M. Strixner lithographiait avec fidélité, avec une sorte de piété patriotique, la Collection d’anciens tableaux allemands appartenant alors aux frères Boisserée et acquise, depuis par le roi de Bavière Louis Ier. Plus