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plus féconde néanmoins serait celle de gisemens houillers. On en a découvert un aux environs de Bavatou-Bé, près de la baie de Passandava. Des échantillons examinés au laboratoire ont donné un rendement en coke de 55 pour 100 et en gaz combustible de 45 pour 100. Ce serait là pour la compagnie le germe d’une immense prospérité, si elle appliquait les procédés d’extraction perfectionnés à l’exploitation de ce charbon minéral, car elle aurait pour tributaires les usines à sucre de Maurice et de Bourbon et les navires à vapeur de toutes les nations qui parcourent l’Océan-Indien.

L’hydrographie de Madagascar présente des conditions aussi favorables. Des rivières sillonnent l’intérieur des terres, et sur tout le littoral des ports ouvrent des baies spacieuses aux navires qui viennent se ravitailler, ou se livrer à des opérations commerciales. Si ceux de la partie orientale que nous avons occupés, tels que Tamatave, Foulpointe, Tintingue, sont par leur insalubrité peu propices à l’établissement de comptoirs, on assure qu’il n’en est pas de même de ceux de la côte nord. Bembetock, chef-lieu des Sakalaves, cette population qui s’est toujours montrée amie des Français, Vohemarou, avec sa baie de 6 à 700 mètres de longueur et de 3 à 400 de largeur, offriraient de très bonnes conditions pour y fonder des établissemens. De tous les ports du littoral, le plus digne de fixer l’attention est celui de Diego-Juarez, situé dans le nord-ouest de Madagascar. Des rivières qui se jettent dans la baie lui ouvrent de précieuses communications avec l’intérieur des terres ; il offre un bassin dans lequel des escadres nombreuses pourraient trouver un sur abri moyennant quelques travaux de fortification peu considérables. Il a en outre l’avantage de posséder une source d’eau douce dans son voisinage. Ce port fut exploré en 1832 d’après les ordres de l’amiral de Rigny, et de l’étude à laquelle se livra un officier très distingué il résulte qu’il est doté de conditions exceptionnellement favorables pour devenir le chef-lieu d’une grande entreprise de colonisation[1].

Ce ne sont là, nous en convenons, que des vues dont la réalisation peut se faire longtemps attendre. Aujourd’hui même rien n’autorise à croire que la révolution d’Émyrne ait déroulé toutes ses conséquences. Que M. le commandant Dupré ne puisse pas remplir pacifiquement sa mission, qu’au lieu d’être reçu en ami il le soit en ennemi, que, porteur du traité ratifié par l’empereur des Français, il se voie interdire par la reine l’entrée du territoire malgache, qu’en un mot le nouveau gouvernement refuse de se reconnaître lié par les engagemens de Radama II, quelle sera la position de la

  1. Mission de la corvette la Nièvre.