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composées chacune de sept membres désignés par l’élection, et dont l’un était chargé des fonctions d’officier de l’état civil. L’administration générale de la commune était partagée entre ces douze municipalités; mais un bureau central, composé de trois membres nommés par le pouvoir exécutif, était chargé de la police et des subsistances. Or la police du directoire a laissé de tristes souvenirs. Ce n’était pas la sécurité ni le bien-être matériel de la population qui la préoccupaient beaucoup. Si la loi des otages, rendue à l’occasion des actes de brigandage commis dans plusieurs départemens, permettait aux administrateurs locaux d’infliger, sans formalités judiciaires, aux parens des émigrés ou rebelles, les arrestations, les amendes, la déportation même, à Paris la réquisition des cartes civiques exposait à chaque heure du jour et de la nuit tout citoyen à être appréhendé par un officier de police et emprisonné, s’il n’était point muni de sa carte.

La constitution de l’an VIII vint rendre le calme aux esprits et réformer l’administration municipale. Partout l’exécution fut séparée de la délibération et attribuée, à un seul représentant du pouvoir central. La division de Paris en douze municipalités fut maintenue; mais tous les pouvoirs municipaux furent concentrés dans les mains du préfet de la Seine, véritable maire de Paris. Un conseil municipal de vingt membres, nommé par le gouvernement, délibéra à côté du préfet sur les affaires communes, tandis que les soins de la police furent confiés à un autre préfet, héritier du pouvoir du lieutenant de police de l’ancienne monarchie. Les maires d’arrondissement ne remplirent plus que les fonctions d’officiers de l’état civil. Cette organisation, qui subsista jusqu’en 1834, permit au premier préfet de la Seine, le comte Frochot, d’introduire en bien peu de temps les améliorations les plus essentielles dans toutes les branches de sa vaste administration.

A peine entré en fonction, le préfet de la Seine eut à se préoccuper de l’établissement d’un budget régulier[1]. La plus grande difficulté consistait pour toute la France, en l’an VIII, à régulariser la perception des recettes. Depuis la suppression des contributions indirectes, l’état avait perdu le tiers de son revenu. Encore les contributions directes étaient-elles, par la mauvaise confection des rôles et les difficultés de la perception, singulièrement en souffrance. Les administrations locales chargées du soin de dresser elles-mêmes les rôles y apportaient d’autant moins de zèle que ces administrations

  1. Un ancien chef de division de la préfecture de la Seine, M. Saint-Léon, a publié en 1843 le résumé statistique des recettes et dépenses de la ville de 1797 à 1840, qui permet de suivre année par année l’augmentation des unes et des autres.