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municipale de 1830 à 1848, on ne peut laisser de côté les travaux entrepris au compte même de l’état et les crédits ouverts par les chambres pour tous les monumens qui décorent la capitale ; l’ensemble de ces crédits s’est élevé à 216 millions, et s’appliquait aux œuvres les plus diverses, depuis le tombeau de l’empereur Napoléon Ier aux Invalides jusqu’au monument de Molière. La plus coûteuse entreprise de ce temps fut la construction des fortifications de Paris ; on doit se souvenir qu’on a beaucoup blâmé alors l’administration municipale, de n’avoir pas profité de cette occasion pour réaliser en 1842 l’annexion de 1859. Prise en 1842, une telle mesure eût arrêté sans aucun doute le mouvement qui la justifia dix-sept ans plus tard. Les communes suburbaines ne se formèrent autour de l’ancien mur d’enceinte que parce qu’elles étaient encore voisines du centre de la grande ville. Obligés, pour fuir l’octroi, de laisser entre elles et les parties habitées de Paris de larges espaces déserts reculés jusqu’aux murs de fortifications, elles auraient été très certainement retenues dans leur prodigieux essor.

Ainsi de 1830 à 1848 l’autorité municipale n’a rien négligé pour l’amélioration matérielle de la ville. A-t-elle été moins soucieuse des améliorations morales ? Ici encore quelques chiffres serviront de réponse.

La subvention fournie par la ville aux hospices a varié d’année en année, parce que cette subvention doit combler le déficit du budget particulier des hospices, et que les revenus de ces établissemens ne sont pas immuables. Le chiffre de la subvention n’implique donc pas une sollicitude plus ou moins grande envers les besoins des hospices. M. de Saint-Léon, dans son tableau comparatif des dépenses de la ville de 1821 à 1830 et de 1830 à 1840, a établi que la subvention des hospices dans ces deux périodes a été comme 11 est à 12. De 1840 à 1848, elle s’est toujours accrue : en 1847, elle s’élevait au chiffre de 7 millions 1/2 ; elle n’était que de 5 millions en 1841 ; mais pour faire la part entière de ce que ce service nécessitait de dépenses, il faut comparer aux diverses époques les revenus des hôpitaux et des hospices et en déterminer l’emploi. En 1810, les ressources des hôpitaux, y compris la subvention municipale, montaient à 9 millions, en 1830 à 11, en 1840 à 12,250,000 francs. Quant à l’emploi des revenus, on trouve, pour ne parler que du traitement des maladies, qu’en 1810 et en 1820 le nombre des malades soignés dans les hôpitaux ne s’élevait pas à plus de 43,000 ; en 1830, il est de 60,000 et de 85,000 en 1847. Le nombre des lits, qui en 1803 ne dépassait pas le chiffre de 3,475, atteint celui de 5,700 en 1847. À cette même date, un nouvel hôpital devant contenir 600 lits, s’achevait près de l’église Saint-Vincent-de-Paul. Dans les derniers jours du gouvernement de 1830, l’administration