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toute la dette de la ville. Cette somme comprend en effet l’emprunt de 50 millions de 1851, celui de 60 millions de 855, enfin les 144 millions à peu près que coûtera le remboursement en capital des obligations de 1860, ensemble 254 millions. Les 40 millions qui, ajoutés aux trois emprunts, donnent le chiffre de M. Devinck, représentaient quelques charges du passé, comme le prix des maisons des hospices de 1811, le rachat du péage des ponts, enfin la valeur des propriétés achetées par la ville pour les travaux d’alignement, payables à terme fixe. Toutefois, comme le chiffre de 294 millions ne comprend pas ce que pourra coûter la liquidation de la caisse des travaux, et comme les vastes expropriations opérées chaque jour grossissent le chiffre de 1861, ce serait rester au-dessous de la vérité que de porter le capital de la dette municipale consolidée et flottante au chiffre de 300 millions. On voit aussitôt l’importance de l’allocation annuelle que le service de la dette impose au budget de Paris.

Dans la nouvelle classification adoptée par le préfet de la Seine, le service des intérêts, qui figure dans les dépenses ordinaires, réclamait en 1861 12,538,414 fr., et celui de l’amortissement, inscrit aux dépenses extraordinaires, 12,235,666 fr. En 1862, les charges annuelles de la dette se sont élevées à 15 millions, et dans le budget de 1863 elles sont de 14,982,000 fr. Par contre, l’amortissement n’exige plus que 9,900,000 fr. En somme, c’est une charge annuelle de près de 25 millions qui ne diminuera que progressivement par le lent amortissement des obligations. L’annuité de la dette n’atteignait pas plus de 6 millions en moyenne pendant la restauration, et sous le gouvernement de juillet elle était descendue à 4 millions 1/2. Sous ces deux régimes, les emprunts se contractaient presque toujours à courte échéance. Depuis lors, les termes de remboursement se sont singulièrement éloignés ; l’emprunt de 1852, de 50 millions, ne sera amorti qu’en 1870; celui de 1855, de 60 millions, n’est remboursable qu’en quarante années à partir de 1859, et c’est à la même époque que doit être amorti le dernier emprunt de 1860. La charge municipale annuelle doit par conséquent sembler aujourd’hui d’autant plus lourde, comparée à celle des époques précédentes, que le chiffre en aurait été plus élevé, si l’amortissement avait été réparti sur un nombre d’années analogue à celui des emprunts antérieurs. Le recours au crédit, pratiqué de nos jours sur une aussi vaste échelle, n’est pas sans provoquer quelques craintes et quelques réflexions. Fallait-il procéder avec cette rapidité extrême aux entreprises qui ont nécessité des emprunts à long terme? n’y a-t-il pas lieu de craindre qu’avant le remboursement de ces mêmes emprunts de nouvelles dépenses d’un intérêt urgent ne contraignent encore à grever plus lourdement l’avenir?