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mille. La vapeur a mis ainsi tout un vaste rayon de verdure et de magnifiques ombrages à la disposition des habitans de Paris.

Sans doute l’administration chargée aujourd’hui des intérêts de Paris ne peut revendiquer pour elle seule un tel changement, dû surtout au progrès de l’aisance générale; mais ses actes y ont puissamment aidé, et il est d’autres améliorations dont il faut lui rapporter uniquement le mérite C’est en effet depuis 1856 seulement qu’on a vu l’établissement dans l’enceinte de Paris, à l’imitation de Londres, de ces jardins dont la végétation purifie l’air. Paris a maintenant les sept squares de la tour Saint-Jacques, des Innocens, des Arts-et-Métiers, du Temple, Vintimille, Sainte-Clotilde et Louvois, qui occupent une superficie de 20 hectares, sans compter le parc de Monceaux, qui en a plus de onze. Belleville, Batignolles, Charonne. Montrouge ont aussi leurs squares. Un parc de 20 hectares va couronner les buttes Saint-Chaumont. Enfin deux délicieuses promenades confinent à Paris : à l’ouest, le bois de Boulogne, de 873 hectares. avec tous les enchantemens dont la ville s’est montrée prodigue, et à l’est le bois de Vincennes, non moins heureusement transformé, et qui ne contiendra pas moins de 876 hectares, dont 375 en prairies et 20 en pièces d’eau.

Une autre amélioration qui saisit moins les yeux, mais qui a, elle aussi, une grande importance pour la population parisienne. c’est une plus abondante distribution des eaux salubres, un plus facile écoulement des eaux malsaines. La ville de Paris est aujourd’hui alimentée par des eaux de provenances diverses, d’un volume total de 153,000 mètres cubes. Le canal de l’Ourcq en fournit seul 105,000. Ces eaux sont distribuées par 20,948 mètres de conduites à l’usage des particuliers, et par 754,852 mètres de conduites publiques. L’administration fait installer encore au quai d’Austerlitz deux nouvelles machines qui augmenteront de 15,000 mètres cubes par jour la quantité d’eau. Enfin on sait qu’elle a recherché jusque dans les départemens de l’Aube et de la Haute-Marne des sources potables assez abondantes pour fournir à tous les besoins des habitans de Paris. Pour amener ces eaux à Paris et pour les distribuer. la ville devra dépenser encore une somme de 60 millions. — Des eaux limpides, il faut bien passer aux eaux malsaines. En 1854, Paris possédait 163 kilom. d’égouts voûtés; il y en a aujourd’hui 330, qui égalent en développement la moitié des rues de Paris (700 kilom. ou 175 lieues). Ce Paris souterrain, dont un poète vient de retracer l’étrange et saisissant tableau, offre le spectacle du plan le mieux combiné par la science de l’ingénieur. Il s’agissait d’obtenir l’écoulement rapide des eaux pluviales, qui dans l’ancien système produisaient de fréquentes inondations, d’entraîner toutes les eaux ménagères et industrielles qui faisaient des ruisseaux de Paris autant