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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 octobre 1863.

Fatigués à bon droit de l’obscurité maussade et du silence triste dont les questions politiques qui excitent une anxiété générale demeurent depuis si longtemps enveloppées, nous ressentons un véritable soulagement d’esprit à la pensée que dans peu de jours la session du corps législatif sera ouverte. Le sentiment que nous exprimons est celui de tout le monde. La réunion des chambres est attendue cette année par les intérêts comme le retour de la lumière qui leur est nécessaire pour se guider, comme la promesse d’une délibération rationnelle et contrôlée des affaires nationales, qui est indispensable à leur sécurité. Elle est saluée comme une renaissance par ceux chez lesquels l’inertie forcée qu’a subie la vie politique de notre pays n’a point éteint le zèle du progrès des institutions et cette flamme d’amour démocratique de la liberté que la révolution a pour toujours allumée au cœur de la France. Nous ne faisons point allusion ici à la curiosité banale qu’éveillent ordinairement les discours officiels, les communications ministérielles, la publication plus ou moins parcimonieuse des papiers d’état. Il faut mieux comprendre le caractère de l’impatience qui aujourd’hui, dans les départemens comme à Paris, se trahit de toutes parts, car c’est le signe certain du commencement d’une nouvelle ère de vie politique. Le plus pressant besoin de la France en ce moment est de s’entendre parler elle-même ; la voix qu’elle est avide d’écouter, c’est celle dont ses représentans libéraux vont lui renvoyer les accens, c’est la sienne propre.

L’entrée en scène du nouvel acteur que nous attendons tous coïncide d’ailleurs avec un remarquable épisode de la vie politique de la France. Intérieures ou extérieures, les affaires qui vont s’agiter ont pris des proportions et ont acquis une importance que les questions politiques n’avaient pas présentée depuis longtemps. A l’intérieur, les premiers débats du corps législatif vont porter sur la vérification des pouvoirs des nouveaux députés ; une vaste, retentissante et instructive enquête sera ouverte sur les dernières élections générales. Or, au fond, la question qui va être ainsi discutée par le détail dans la chambre est la question capitale de